Alors que 1,2 milliard de jeunes s’apprêtent à entrer sur le marché du travail, il est essentiel de leur fournir les compétences et les opportunités dont ils ont besoin pour réussir.
Notre but ultime est justement d’aider les pays à créer un secteur privé dynamique qui transforme la croissance en emplois locaux — non pas en délocalisant le travail hors des pays développés, mais en ouvrant des débouchés pour les populations là où elles vivent déjà.
Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale, explique pourquoi l’emploi est le moyen le plus efficace pour parvenir à l’autosuffisance économique et offrir des débouchés.
Au centre de notre stratégie, il y a la volonté de faire de la création d’emplois un objectif explicite. L’emploi est le moyen le plus efficace pour parvenir à l’autosuffisance économique, réduire les besoins humanitaires et stimuler la demande de biens. C’est aussi un facteur de stabilité dans le monde, car l’emploi permet de lutter contre les causes profondes de la criminalité, de la fragilité et des migrations de masse.
Notre but ultime est d’aider les pays à créer un secteur privé dynamique qui transforme la croissance en emplois locaux — non pas en délocalisant le travail hors des pays développés, mais en ouvrant des débouchés pour les populations là où elles vivent déjà. Cela signifie renforcer des secteurs tels que l’énergie, les infrastructures, l’agroalimentaire, la santé, le tourisme et l’industrie manufacturière dans les pays riches en minéraux afin de dynamiser l’économie locale.
La Banque aide par ailleurs les investisseurs à déployer efficacement leurs capitaux sur ces marchés, de manière à leur offrir des rendements positifs en même temps qu’ils contribuent à la résolution des défis mondiaux. Et au-delà de l’accès aux marchés, elle s’emploie à consolider les fondements de la croissance économique en renforçant la transparence, la lutte contre la corruption et l’exécution des contrats.
Néanmoins, on ne peut tenir pour acquis que la création d’emplois soit automatiquement au rendez-vous dès lors que l’on fait ce qu’il faut. Nous avons été freinés par l’idée largement répandue, mais erronée, selon laquelle les capitaux privés étaient là, prêts à être déployés from billions to trillions, « des milliards aux milliers de milliards de dollars ». Cette croyance était non seulement irréaliste, mais elle a nous a aussi conduits à un certain immobilisme, confiants que le développement s’opérerait de lui-même, sans en poser les bases.
En réalité, les investissements privés ne vont que là où les conditions sont favorables et les perspectives de rendement claires. Et, pour cela, deux éléments sont essentiels : un socle d’infrastructures solide et un environnement réglementaire prévisible. Faute de quoi, les capitaux privés restent là où ils sont, inemployés.
C’est là qu’intervient le Groupe de la Banque mondiale. Nous aidons les gouvernements à financer des infrastructures essentielles et à assurer une utilisation efficace des ressources. Nous promouvons des réformes qui facilitent l’activité des entreprises, comme l’amélioration des régimes fiscaux et des règles foncières. Et nos financements sont liés à des résultats tangibles, de sorte que chaque dollar investi génère un impact positif.
Une fois cet environnement porteur mis en place, nos branches dédiées au secteur privé — IFC et la MIGA — aident les entreprises à créer des emplois en leur fournissant des financements, des fonds propres, des garanties et des assurances contre les risques politiques. Elles soutiennent également le développement de compétences adaptées aux besoins locaux. Ce continuum, qui va de l’aide au secteur public à la collaboration avec le secteur privé, n’est pas seulement sans équivalent : il est aussi gage d’efficacité à un moment où le développement exige à la fois de l’envergure et de l’endurance.
C’est tout l’enjeu d’une initiative telle que Mission 300, dans le cadre de laquelle nous nous sommes engagés à raccorder à l’électricité 300 millions d’Africains d’ici à 2030. Pour y parvenir, les gouvernements s’engagent à réformer leurs politiques publiques et réglementations et à investir, et ces engagements sont liés aux financements qu’ils reçoivent de l’Association internationale de développement (IDA), de manière à en garantir la concrétisation. Ce cadre procure aux investisseurs privés la confiance nécessaire pour s’impliquer dans ce chantier.
Dans un contexte de budgets serrés, de défis mondiaux et de ralentissement de la croissance, la Banque offre à ses actionnaires (ses pays membres) un moyen sans pareil de faire progresser leurs objectifs économiques et stratégiques. En décuplant les fonds publics issus des contribuables, elle transforme des investissements modestes en flux massifs de capitaux.
En 80 ans, les 29 milliards de dollars versés au capital de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), notre principal guichet de financement pour les pays en développement, et de nos branches axées sur le secteur privé, ont permis de mobiliser près de 1 500 milliards de dollars pour le développement. Cela représente un retour sur investissement de plus de 50 pour 1. Quant à l’IDA, elle multiplie par quatre chaque dollar de contribution apporté par ses bailleurs de fonds, afin de fournir des dons et des prêts à faible taux d’intérêt aux pays les plus pauvres du monde. C’est l’un des meilleurs placements en faveur du développement, tant au profit des gouvernements que des contribuables et du monde en général.
Le monde en développement abrite la prochaine génération de travailleurs, d’entrepreneurs et d’innovateurs — un dividende démographique qui, s’il est mis à profit, propulsera la croissance mondiale pendant des décennies. Il possède aussi d’abondantes ressources naturelles qui peuvent faire tourner les industries, nourrir les nations et transformer les économies. Le développement ne se limite pas à l’allègement des souffrances, il contribue à libérer cet immense potentiel inexploité.
Extraits d’une tribune initialement publiée dans le Financial Times.