Son immunité parlementaire levée hier, à l’issue d’une session ordinaire unique, le député Moustapha Diop a vu son vœu exprimé devant ses collègues se concrétiser. «J’invite tous mes collègues, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, à lever à l’unanimité mon immunité parlementaire. Immunité obtenue grâce au peuple et à la loi. Et ce, pour me permettre d’aller répondre à la justice dans l’affaire Tabaski Ngom. Il me restera alors l’immunité parlementaire dont Dieu me couvre, comme Il est mon dernier recours», a conclu hier, le député-maire de Louga.
Attrait devant ses collègues, et face au ministre de la Justice, Garde des Sceaux et son collègue en charge du Travail et de l’Emploi en relation avec les Institutions, Moustapha Diop a clamé son innocence.
«Si j’ai accepté, ce jour, de me présenter en personne devant vous pour me défendre, c’est que je n’ai rien à me reprocher. J’ai toujours demandé et voulu comparaître en personne devant le juge, en renonçant moi-même à mon immunité parlementaire. Dans cette affaire, je suis innocent et absolument innocent», a-t-il déclaré devant ses collègues députés.
Concernant les accusations qui pèsent sur ses épaules, Moustapha Diop les trouve sans fondement. «La dame qui m’accuse n’a pas, à ce jour, formulé un quelconque commencement de preuve contre moi. Elle se contente juste de me salir comme si cela pouvait la sauver», a déclaré le parlementaire dans ses explications.
«Aujourd’hui, je fais face à vous avec la conscience claire d’un innocent»
«Comment a-t-elle pu passer de 700 millions de FCFA qu’elle aurait détournés avec ma complicité à seulement 300 millions qu’elle aurait déclaré m’avoir prêté ? Où se trouve la vérité ?», s’est-il interrogé avant de poursuivre : «La vérité est que je n’ai rien à voir dans cette affaire de détournement, même si je connais la dame. Aujourd’hui, je fais face à vous avec la conscience claire d’un innocent», a-t-il soutenu. En plus, signale-t-il, le dossier qui (leur) a été transmis ne contient aucun élément de preuve pouvant (le)charger.
Aussi a-t-il lancé un appel à ses collègues parlementaires. «Nous les députés ne devons pas cautionner ou accepter que l’immunité que nous détenons de la loi soit levée aussi facilement. Surtout quand le dossier est vide».
Dans une déclaration faite en wolof, il a raconté les conditions dans lesquelles il a fait la connaissance de la dame Tabaski Ngom. «Je connais Tabaski Ngom depuis 2022. Elle m’avait appelé par téléphone pour me dire qu’elle avait appris que j’étais gentil et que je soutenais mes semblables. Elle m’a informé qu’elle avait des soucis, à son lieu de travail et qu’elle sollicitait mon aide. Ce que j’ai fait. Et son problème a été réglé».
Pour la suite, dit-il, c’est durant les législatives qu’elle l’a recontacté après avoir vu ses affiches. «Elle m’a dit avoir appris que j’étais candidat et qu’elle était engagée à m’apporter son soutien, dans mon fief, vu l’aide que je lui avais apporté. Ce que j’ai beaucoup apprécié. Elle m’a félicité pour être sorti 6e sur une liste de 41 personnes avant de m’informer avoir dépensé la somme de 20 millions dans ma campagne», a dit Moustapha Diop, d’un trait.
«Jusqu’à l’extinction du soleil, personne ne pourra apporter la preuve d’un document que j’ai signé ou une audio de moi…»
Un montant qu’il trouve énorme, a-t-il fait savoir à la dame, selon lui. «Par la suite, j’ai eu des rumeurs. Ils portaient sur des propos de la dame Tabaski Ngom qui soutenait que je restais lui devoir 30 millions, 50 millions, ensuite 100 millions, puis 400 millions et enfin 700 millions de nos francs. Elle a indiqué avoir remis cet argent à mes chauffeurs. Convoqués, ils ont déclaré devant les enquêteurs n’avoir reçu aucun franc de la dame. Elle a cité, dans ses accusations Momath Ba. Celui-ci a déclaré que j’étais son ennemi et que plusieurs fois j’ai tenté de le démettre de ses fonctions mais fait remarquer qu’on n’a jamais été liés dans une affaire d’argent. L’autre personne citée s’appelle Mor Gueye. Je ne le connais pas et ne saurais l’identifier. Entendue à son tour Tabaski Ngom a changé de version pour m’accuser de lui avoir emprunté 300 millions et non les 700 millions initialement déclarés. Et quand on lui a demandé des preuves, elle a soutenu que je l’avais maraboutée», a-t-il poursuivi.
«Nous, les députés, ne devons pas cautionner ou accepter que l’immunité que nous détenons de la loi soit levée aussi facilement»
Moustapha Diop dit s’interroger. «La loi exige qu’il y ait une décharge pour toute dette de plus de 20 000 FCFA. Elle parle de dette. Moi, je ne vois nulle part au Sénégal où le fait de prêter de l’argent à quelqu’un est délictuel. Encore que je ne travaille pas au CRSE et ne sais où se trouve ce service. Je ne vois pas en quoi je devrais être cité dans cette affaire», a-t-il soutenu. Et ce, en contestant tout : «J’ai vu des adversaires lui prêter main forte dans cette affaire et créer une fausse décharge datée du 9 novembre. Je n’étais pas ministre en ce temps indiqué. Ni l’intitulé de ce ministère, ni les écritures contenues dans cette décharge ne sont miennes».
Mieux, indique-t-il, «ce sont des écritures d’un droitier. Puis, on a scanné le cachet». D’où sa conviction que rien au monde ne saurait confirmer sa culpabilité. «Jusqu’à l’extinction du soleil, personne ne pourra apporter la preuve d’un document que j’ai signé ou une audio de moi dans laquelle je demande à Tabaski Ngom de me prêter de l’argent !», a-t-il déclaré.
Ces propos tenus, il a appelé ses collègues parlementaires à savoir raison garder. Pour lui, cette affaire constitue «un précédent dangereux. Et demain, il y aura une jurisprudence Moustapha Diop dans cet hémicycle. Personnellement, je n’ai rien à craindre. Je suis un disciple de Serigne Touba, j’ai foi en DIEU», a-t-il soutenu.