Adji Mergane Kanouté sur le rapport de la cour des comptes : «Des malversations d’une extrême gravité, oui à la décision d’enclencher des poursuites judiciaires»

Adji Diarra Mergane Kanouté, Coordonnatrice de la Coalition Ensemble pour demain, est en phase avec les autorités qui ont annoncé des poursuites judiciaires après la publication du rapport de la Cour des comptes. L’ex-Vice-présidente du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar – qui dénonce ‘’des malversations d’une extrême gravité’’ – n’en préconise pas moins le respect de la présomption d’innocence pour les mis en cause. Entretien avec le quotidien Vox Populi

 

Quel commentaire faites-vous de la forte polémique soulevée par le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques de 2019 à 2024?

La Cour des comptes a rendu publics les résultats de son audit du rapport sur la situation nationale de 2019 à mars 2024. Je salue le travail de ce corps de contrôle qui a toujours donné satisfaction, en dépit des critiques qui ont souvent escorté ses conclusions.

Nous avons été surpris par les écarts hallucinants observés entre les chiffres notés sous le régime du Président Macky Sall relatifs au déficit budgétaire et à la dette publique. Des chiffres qui ont été d’ailleurs validés par la Cour des comptes elle-même.

Les constatations de la Cour des comptes font état de malversations d’une extrême gravité. J’approuve la décision du gouvernement de faire enclencher des poursuites judiciaires contre toutes les personnes impliquées dans ces pratiques qui ruinent notre économie. Nous exhortons, cependant, au respect de la présomption d’innocence des éventuels mis en cause.

A mon humble avis, j’estime que la Cour des comptes gagnerait à faire preuve d’une démarche pédagogique en communiquant sur les résultats de la situation de référence, alors qu’elle avait validé ceux de 2019 à 2022. Cela lui permettrait de préserver sa crédibilité qui ne saurait être entachée par des critiques tout de même recevables.

Que pensez-vous de l’affaire Farba Ngom qui déchaîne des passions ?

Avec l’honorable député Mouha­madou Ngom, nos relations n’ont jamais été des meilleures, mais j’estime qu’il doit bénéficier de la présomption d’innocence. Mouhamadou Ngom n’a jamais eu à gérer des deniers publics, alors qu’il est accusé de détournement de deniers publics. Il est important que le citoyen lambda soit édifié et ceux qui auraient fait des transferts de nos deniers publics dans des comptes bancaires, attribués au député Mou­hamadou Ngom, puissent être identifiés, convoqués et que les responsabilités soient situées. Je suis pour la reddition des comptes, certes, mais pas pour les règlements de comptes.

En tant qu’ex-parlementaire, quel regard portez-vous sur cette nouvelle législature ?

Je fonde beaucoup d’espoirs sur cette nouvelle législature, parce que c’est pratiquement des députés de l’opposition parlementaire de la 14e législature, qui ont été reconduits pour cette nouvelle. J’ai eu à côtoyer certains d’entre eux, qui sont très passionnés par le travail parlementaire. J’ai constaté aussi le dynamisme impulsé par certaines Commissions permanentes, avec des visites de terrains. Et du côté de la nouvelle opposition parlementaire, j’observe la même détermination à représenter le peuple sénégalais.

Votre soutien à la liste PASTEF aux dernières élections législatives a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Comment avez-vous vécu cette situation ?

C’est une situation que j’ai vécue de la façon la plus sereine possible, car le choix porté sur la liste PASTEF lors des élections législatives est une décision prise par notre formation politique, l’Union pour le Développement du Sénégal (UDS/A), qui est un parti souverain et démocratique. Nous avons compris que le Président Macky Sall, en choisissant de dissoudre la coalition Benno Bokk Yakaar, avait l’objectif de s’allier uniquement avec le Parti Démocratique Sénégalais.

Après la publication des listes, le parti a adressé un courrier au Président Macky Sall pour lui notifier que nous avons pris acte de ses décisions et que, par conséquent, notre formation politique UDS/A prendrait toutes ses responsabilités. C’est l’occasion pour moi, au nom de tous les militants, de remercier ces nombreux Sénégalaises et Sénégalais qui nous ont témoigné de leur sympathie, mais encore de leur totale adhésion au choix que nous avons eu à porter sur la liste PAS­TEF. Je venais de comprendre que, personnellement, je n’avais plus droit à l’erreur, car je me rendais compte que je suis dans le cœur des Sénégalais. Je précise que nous ne sommes ni de PASTEF ni de Dio­maye Président.

Pour la coalition Benno Bokk Ya­kaar, nous avons eu à jouer un rôle considérable, notamment dans la consolidation de la coalition, dont notre formation politique est membre fondateur. Mais encore l’UDS/A reste et demeure, un des artisans, des victoires de la coalition Benno Bokk Yakaar. Nous assumons totalement tous les actes posés et les décisions prises quand nous fûmes dans la coalition Benno Bokk Ya­kaar.

J’aimerais aussi souligner que nous n’avons de leçon ni de directive à recevoir de qui que ce soit. Quand le parti avait décidé d’accompagner le candidat Macky Sall en 2012, à l’élection présidentielle, rien n’était encore évident et le candidat Macky Sall était loin d’être le favori. UDS/A est un parti souverain et démocratique.

Avez-vous repris votre travail au Port Autonome de Dakar après votre départ de l’Assemblée nationale ?

J’avais quitté le Port Autonome de Dakar suite à mon élection comme députée. C’est ainsi que mon contrat à durée indéterminée avait été suspendu pour la durée de mon mandat parlementaire. A la fin de mon mandat, à l’Assemblée nationale, j’ai naturellement adressé un courrier au Directeur général du Port Autonome pour la levée de la suspension de mon contrat. Ce qui est tout à fait fondé, légitime et légal. Le Directeur général du Port Autonome de Dakar, en légaliste et républicain, a donné suite à ma demande et j’ai retrouvé ma structure d’origine qui est la Direction générale. La politique ne saurait être un métier pour moi, car j’ai un parcours académique respectable et des compétences et aptitudes à faire valoir.

Oumou Khaïry NDIAYE
Up Next

Related Posts