Ça tangue encore dans le secteur de pêche au Sénégal. L’intersyndicale des travailleurs des pêches et de l’aquaculture du Sénégal (SYNAP, SYNOP et SYTRAPAS) tire sur le ministre Alioune Ndoye.
Depuis l’annonce par le président Macky Sall de la tenue prochaine d’un Conseil présidentiel sur la pêche en fin mai 2021, ces acteurs de la pêche alertent sur leur non-implication dans les concertations avec les parties prenantes.
«L’intersyndicale des travailleurs des pêches et de l’aquaculture du Sénégal (SYNAP, SYNOP et SYTRAPAS), regrette de constater qu’à l’initiative du Ministre des Pêches et de l’Économie maritime des concertations sont tenues avec les acteurs à l’exception des syndicats du département qui pourtant constituent des acteurs sociaux importants qui sans doute ont un rôle stratégique à jouer dans le développement durable des pêches, en plus de leur mission de défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs du secteur des Pêches et de l’Économie maritime», révèlent Abdoulaye Roger Dieng, Coordonnateur de l’intersyndicale et S.G. du SYTRAPAS, et Cie dans un communiqué parcouru par 24 Heures.
Et de poursuivre : «Aujourd’hui, les travailleurs des pêches souffrent énormément de difficultés et de contraintes. Les agents des pêches sont les plus mal payés de l’administration sénégalaise. Ils ne disposent d’aucune indemnité spécifique. Ils sont confrontés à des problèmes de formation et de mobilité professionnelle».
Toujours selon eux, «Le CNFTPA dispose d’une capacité d’accueil faible alors que les besoins en formation des agents sont importants. L’offre pédagogique au niveau du CNFTPA et même de l’UIPA est insuffisant e et compromet à l’employabilité des diplômés qui éprouvent de réelles difficultés d’insertion professionnelle dans un marché de l’emploi exigeant. Des travailleurs titulaires de diplômes supérieurs sont bloqués dans leur accès aux corps correspondant à leurs niveaux». Ce qu’ils qualifient de «défaut de valorisation et même de considération».
Abdoulaye Roger Dieng et Cie de renchérir : «Le paradoxe est qu’au moment où les écoles et instituts de formation des pêches produisent des Chômeurs le secteur a le plus besoin d’agents valides, bien formés, capables de servir efficacement l’administration publique, le secteur privé et même de s’auto employer. Pour ces raisons, l’intersyndicale devrait être impliqué au processus de ces concertations en vue de lui permettre de contribuer à trouver des solutions aux maux du secteur».
Pour ces acteurs de la pêche, selon toujours « 24 heures » le secteur doit inéluctablement passer par des réformes énumérées en douze (12) points :
«La valorisation du traitement salariale des agents ; La formation des agents et l’amélioration de leurs moyens de travail; Le recrutement des diplômés des pêches et de l’aquaculture; La mise en œuvre des plans d’aménagement validés qui dorment dans les tiroirs; La mise en place de fonds de calamité, d’assurance de protection des biens et des services; La mise en place de fonds d’adaptation au changement climatique; L’amélioration de la chaîne de valeur en favorisant la recherche et le développement avec les structures telles que CRODT, UIPA, ITA… ;
La mise à niveau des infrastructures de pêche artisanale et leur extension à d’autres localités ; Le renforcement de la sécurité avec la multiplication de brigades de surveillance côtière par un recrutement de personnels pour une surveillance participative qui pourrait conduire à la lutte contre la pêche INN ; Une maîtrise de l’effort de pêche (industrielle et artisanale) afin de réduire la pression sur la ressource commune;
Des réformes institutionnelles s’imposent avec la création de directions comme : la direction de la pêche artisanale, la direction de l’aménagement, mais aussi faire revenir les AMP à la famille (pêche); La mise en place de fonds communs pour plus d’équité et une meilleure répartition des recettes de transaction, autres suivant un schéma de pourcentage pour l’agent, la direction…». Pour le plan de carrière des fonctionnaires, ils préconisent «la rotation aussi bien dans les directions que dans les services déconcentrés chaque 2 à 3 ans au minimum de tous les agents, pour une culture démocratique».
Très menaçants, Abdoulaye Roger Dieng et ses collègues de marteler : «Si nous ne sommes pas impliqués, l’intersyndicale invite tout le monde à prendre ses responsabilités et de prendre en témoin l’opinion nationale comme internationale, en répondant massivement aux différents activités du plan d’action qui sera mis en place (des points de presse, des sit-in le jour du conseil, de marche…)».