Aminata Toure :  «Le contentieux foncier dans ce pays a atteint un niveau que c’est un grand risque pour la stabilité du pays»

Récemment déchue de son poste de député à l’Assemblée nationale, Aminata Touré est loin de s’apitoyer sur son sort. Au contraire, elle continue de multiplier ses sorties, en prenant pour cible le régime en place, et surtout Macky Sall et son gouvernement. C’est dans ce sens qu’elle a été, hier, l’invitée du FRAPP (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine), dont Guy Marius Sagna est l’un des dirigeants.

Au cours de la conférence de presse, une dizaine de collectifs des travailleurs est monté au créneau pour réclamer ses droits.

«Il est tant que l’État prenne des dispositions pour que la gestion de notre domaine national soit une gestion transparente et équitable. Moi, je considère qu’il faut un Conseil national de gestion du domaine foncier. L’attribution de nos terres aux citoyens doit dépasser une direction nationale. Ce n’est pas l’unique affaire de fonctionnaires, absolument pas», a déclaré l’ancienne présidente du CESE et ex-Premier ministre.

Cette dernière s’interroge sur les éléments qui déterminent l’aptitude de telle ou telle autre personne à avoir des terres. «Quels sont les critères qui sont mis en avant pour que vous soyez gratifié d’un espace foncier ? Je pense que c’est important pour qu’on puisse en parler. Ma proposition, c’est qu’il y ait une Commission nationale de gestion du domaine foncier. Et qu’elle soit décentralisée au niveau des régions. S’il y a un espace disponible pour l’habitation, mais que les ci­toyens puissent déposer leur demande et que l’on puisse attribuer de manière transparente, en présence des jeunes, des femmes, des opérateurs économiques etc. cela me paraît fondamental. Parce que le contentieux foncier dans ce pays a atteint un tel niveau que c’est un grand risque pour la stabilité du pays», a déclaré Mimi Touré.

«Il faut une Commission nationale de gestion du domaine foncier»

Le traitement discriminatoire dont sont l’objet les personnes vivant avec un handicap, a également interpellé l’ancienne parlementaire. Sur ce point, elle appelle l’État à leur réserver 12% pour tous les recrutements de la Fonction publique.

« Je pense qu’il faut un décret du président de la République pour ça. Il faut engager aussi la discussion avec le secteur privé pour qu’il puisse également accepter d’appliquer une telle disposition. Je pense que nos concitoyens vivant avec un handicap sont des acteurs économiques, des acteurs culturels, des acteurs spirituels qui ont une contribution importante à apporter et l’État se doit de leur faciliter justement cette contribution à travers les transports», a souligné Mimi Touré.

Concernant la question des contentieux relevés au sujet des activités professionnelles par beaucoup de collectifs, Mimi Touré tempère : «Il est dommage qu’en 2023, on en soit encore à ce genre de situation. Donc, je voudrais exprimer aussi ma solidarité envers tous ces collectifs des travailleurs qui réclament justice, qui réclament des arriérés de salaires».

Des messages de réconfort qu’elle a prononcés tout en invitant également, les entrepreneurs à « privilégier le dialogue ». « Les salariés sont raisonnables, ils sont prêts à entendre la voix de la raison et à régler ce contentieux. Mais pour régler ce contentieux, le premier acteur, c’est l’État qui est garant du respect des droits des citoyens.

Et c’est pour ça que je voudrais réitérer ma proposition de réforme à fond du Conseil supérieur de la magistrature qui doit s’ouvrir à d’autres forces, comme les représentants des travailleurs pour connaître du contentieux du travail. Il faut l’ouvrir certainement aux employeurs, mais également aux femmes et aux jeunes. Parce qu’en réalité, la question de la justice dépasse juste les magistrats. C’est une question sociale. C’est une question d’équité. Et c’est ce qui garantit, in fine, la paix dans notre pays », a conclu l’ancienne Garde des Sceaux.

Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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