Les environs de la Place de l’Indépendance ont récemment été, le théâtre d’une manifestation réprimée des militaires invalides. Certains parmi les quelques 5700 invalides répertoriés, ont voulu rallier, à pied, le ministère des Finances et du Budget, pour y tenir un sit-in, mais leur projet n’a pas abouti. Leur route a croisé celle des éléments de la Police nationale qui les ont dispersés à coup de bombes lacrymogènes
Du nombre des militaires invalides rencontrés sur les lieux, Ousseynou Fall, a vivement condamné le traitement dont ses semblables et lui sont confrontés.
«Nous avons initiée, ce mardi, cette manifestation uniquement pour entrer dans nos fonds. Nous sommes militaires et avons été formés pour défendre notre pays. Donc, notre manifestation d’aujourd’hui n’est pas initiée de gaieté de cœur. C’est juste que nous n’avons plus le choix.
Parce que c’est depuis le début que l’armée nous a privé de nos droits. Le président Macky Sall avait organisé une mission ad hoc pour le règlement définitif de notre problème. Il était retenu 4 points. Il s’agit d’une indemnisation, de la création d’un fonds pour l’amélioration de nos indemnités, des logements sociaux et enfin l’emploi réserve». Selon lui, tels sont les engagements pris par le président et qui devaient entrer en vigueur le 3 octobre dernier.
«Nous avions été convoqués par le ministère des Forces armées, à travers la personne du Colonel Sarr. Nous avons échangé avec ce dernier qui nous a fait savoir qu’il avait l’espoir que nous serons payés avant le 9 octobre. Il se trouve que nous avions auparavant envisagé de nous faire entendre dès le 3 septembre.
Mais, quand nous nous sommes concertés, après nos échanges avec le colonel Sarr, nous avions alors décidé de prendre notre mal en patience jusqu’au 9 octobre. Avnt-Hier (lundi 9 octobre), nous sommes rentrés de là-bas bredouille. Il nous a alors montré un document signé le 2 octobre par le ministre des Finances et du Budget qui ordonne que l’on soit payé pour ce mois d’octobre. Ils avaient confié que les ressources financières étaient disponibles et que les paiements sont éminents. Qu’est ce qui donc est à l’origine de ce retard ?».
Sa question posée, il a haussé le ton pour relever l’urgence dans laquelle ils se trouvent. «Nous sommes des chefs de familles. On est en période de rentrée des classes, personne parmi nous n’a pu inscrire son enfant. Est-ce donc normal que nous continuons à subir cette injustice alors que leurs enfants sont mis dans les meilleurs conditions d’étude ?
Les scolarités de nos enfants ont toutes été hypothéquées à cause des montants dérisoires qui constituent nos pensions d’invalides. Ce sont des pensions qui ne peuvent même pas nous assurer l’achat d’un sac de riz. Voilà qui explique notre sortie d’aujourd’hui, mais nous y sommes obligés», se répète-t-il.
Des interpellations enregistrées dans leurs rangs, il a plaidé leur libération. «Nous sommes toujours militaires. Il y a certains d’entre nous qui ont été interpellés. Nous invitons les autorités à les libérer parce qu’il y en qui doivent prendre leurs médicaments. Aujourd’hui, nous avons été gazés et certains ont mêmes été gravement affectés. Il y en a qui ont perdu conscience.
D’autres ont eu des problèmes pour respirer. Alors que nous sommes des militaires invalides. Nous demandons que tous nos frères interpellés soient libérés sinon nous n’entendons pas lâcher prise. Nous avons entamé des discussions pour trouver des solutions. Mais tant que nos frères resteront privés de liberté, nous n’allons pas rentrer», a confié Ousseynou Fall qui explique que le collectif ne veut plus être berné.
«Nous avons été plusieurs fois bernés c’est pourquoi aujourd’hui, nous ne pouvons plus avoir confiance. De simples promesses ne peuvent plus nous convaincre. Tout ce qui nous intéresse c’est de percevoir nos pensions, parce que nous avons des urgences à prendre en charge».
Vox populi