Les dirigeants continentaux, réunis lors de leur 38e sommet ordinaire à Addis-Abeba, en Éthiopie, le samedi 15 février 2025, ont élu le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, Mahmoud Ali Youssouf, à la tête de la Commission de l’Union africaine, président de la CUA pour quatre ans.
Youssouf remplace Moussa Faki du Tchad, qui dirige la Commission depuis 2017.
Selma Malika Haddadi, ambassadrice d’Algérie en Éthiopie et représentante permanente auprès de l’Union africaine, a également été élue vice-présidente.
Le poste étant attribué à l’Afrique de l’Est, Youssouf a attendu le septième tour de scrutin pour obtenir les 33 voix obligatoires pour décrocher le poste aux dépens de deux autres candidats, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Madagascar, Richard Randriamandrato, et l’ancien Premier ministre et leader de l’opposition du Kenya, Raila Odinga.
Haddadi a également remporté le 7ème tour en battant ses rivales nord-africaines d’Egypte et du Maroc, pour remplacer le Dr Monique Nsanzabaganwa du Rwanda au poste de vice-présidente.
Odinga, favori pour le poste de chef de file avant le sommet, a remporté le premier tour et Youssouf a pris la tête du second tour après que le candidat malgache se soit retiré de la course.
Le scrutin marathon de samedi a été précédé par l’élection des commissaires de la CUA, notamment la réélection de l’ambassadeur du Nigeria Bankole Adeoye au poste de commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité et de l’ambassadrice du Ghana Amma Twum-Amoah au poste de commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social, tous deux d’Afrique de l’Ouest.
Youssouf, diplomate djiboutien de 59 ans, a étudié les langues étrangères en France et a suivi une formation avancée en gestion d’entreprise au Royaume-Uni et à Bruxelles. Il a été ambassadeur de son pays en Égypte sous trois administrations précédentes avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères en 2005.
« Si je suis élu (président) de la Commission de l’Union africaine, ma priorité sera la gestion financière et la gouvernance », a-t-il déclaré à Rabat, au Maroc, en décembre dernier. « Mon objectif sera également de mobiliser des fonds internes. Djibouti a toujours été une source de confiance et de crédibilité, capable de jouer un rôle de premier plan dans la promotion de la stabilité et de la sécurité… »
Il héritera d’une organisation continentale, aux prises avec des défis de leadership internes, aggravés par des problèmes continentaux et mondiaux redoutables, notamment l’insécurité, l’instabilité politique et socio-économique, l’insécurité, le terrorisme et l’extrémisme violent, les guerres civiles et interétatiques, la gouvernance générale et les préoccupations liées au changement climatique.
Alors que des conflits violents sont en cours ou latents en Somalie, au Soudan, au Soudan du Sud, en République centrafricaine, en RD Congo, au Mozambique et dans une partie de l’Éthiopie, pays hôte de la CUA, et dans au moins six des 55 États membres – le Tchad, le Soudan, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger – sous le joug de dictatures militaires, la nouvelle direction de la CUA, dirigée par Youssouf, a du pain sur la planche.
La CUA a remplacé l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 2002.
Ejime est un analyste des affaires mondiales
Consultant en matière de paix et de sécurité, et de communication sur la gouvernance