Crise dans la presse : le CDEPS accuse le gouvernement de manipulations politiques et exige des réformes

 

Face à la presse ce mercredi 21 août 2024, à la Maison de la Presse Babacar Touré, le Conseil des Éditeurs et Diffuseurs de Presse du Sénégal (CDEPS) a tenu une conférence de presse pour réagir aux récents développements sur la situation de la presse au Sénégal. Fort du succès de la journée sans presse organisée le 13 août 2024, le CDEPS a exprimé sa satisfaction face à l’appel du président de la République en faveur d’un « dialogue rénové avec la presse », tel que mentionné dans le communiqué du Conseil des ministres du 14 août 2024. Cependant, cette prise de position constructive a rapidement laissé place à des critiques virulentes à l’encontre du ministre en charge de la Communication.

Le CDEPS a dénoncé ce qu’il perçoit comme des manipulations politiques visant à discréditer la presse, à travers des déclarations inexactes sur la fiscalité des entreprises de presse et sur la gestion du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP).

Selon le CDEPS, les chiffres avancés par le ministre, notamment une dette fiscale globale de 40 milliards FCFA, ne reflètent pas la réalité et amalgament divers éléments (droits simples, taxation d’office, pénalités). Cette publication des données fiscales, jugée illégale, porte atteinte à l’image des entreprises de presse, les présentant faussement comme des « hors-la-loi », alors qu’elles continuent de collaborer avec les services fiscaux.

Sur le plan social, le CDEPS a critiqué la méthode du ministre qui se base sur un échantillon limité de journalistes (217 sur 2118 détenteurs de la carte nationale de presse) pour évaluer la situation du secteur. Le Conseil estime qu’il est inconcevable que l’État ne dispose pas de statistiques fiables sur les contrats de travail, les salaires et les cotisations sociales, laissant place à une manipulation des chiffres pour créer des tensions entre employeurs et employés.

Enfin, concernant le FADP, le CDEPS a dénoncé un manque de transparence et a exigé une enquête sur les montants alloués et les fonds présumés détournés. Le Conseil a également rappelé que les représentants des organisations de presse au sein du FADP n’ont qu’un rôle consultatif et ne participent pas aux décisions finales, malgré les tentatives d’insinuer leur implication dans la gestion des fonds.

En conclusion, le CDEPS a renouvelé son appel à une meilleure régulation du secteur et a pointé du doigt l’inaction des autorités. Le Conseil avertit que la presse sénégalaise ne peut prospérer dans un climat hostile où elle est perçue comme un ennemi à abattre, menaçant ainsi le bon fonctionnement de la démocratie et la liberté d’expression.

Mamadou Nancy Fall
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