De la poussière et une baisse des températures jusqu’au week-end L’alerte météo et les gros dangers pour la santé

De la poussière accompagnée d’une baisse des températures. C’est ainsi que se présente le climat actuel. Une situation qui pourrait persister jusqu’au week-end ou en début de semaine prochaine. Ce qui n’est pas sans risque pour les personnes vulnérables.

Sur la corniche, l’horizon est quasi invisible. Ce mercredi 04 décembre 2023, il est encore plus difficile de séparer la mer du ciel. Les deux étendues sont confondues, brouillées par la poussière. Impossible d’apercevoir les mille plis légers des ondes qui se font sur la ligne et les mousses qui se forment sur la crête des vagues. Les îles des Madeleines, ces imposantes masses de terre et de roche, s’en sortent tant bien que mal.

L’archipel est mieux apparent que ces coques en navigation au large. Ces pirogues disparaissent et réapparaissent au gré des particules. Voilà deux jours que le ciel sénégalais est envahi par la poussière. Elle demeure en suspension dans l’atmosphère, particulièrement en altitude, donnant au ciel un aspect orangé à sombre.

Abdoulaye Diouf, ingénieur prévisionniste Météo à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), explique l’origine : «Depuis deux jours les analyses de modèle de prévisions météorologiques montrent un léger renforcement des vents à 10 mètres du sol qui occasionne un soulèvement de la poussière désertique au Nord de la Mauritanie et du Mali. Il est ressorti également des analyses une vaste zone de soulèvement de poussière sur le Niger et le Tchad depuis quelques jours. Celle-ci est ainsi transportée en altitude sur de longues distances d’Est en Ouest. Ce qui fait que le ciel sénégalais est actuellement envahi par la poussière».

Les visibilités restent, cependant, assez bonnes à la surface du sol, selon le prévisionniste, dans la mesure où la poussière en provenance de la Mauritanie n’est pas assez consistante.

Abdoulaye Diouf renseigne, toutefois, que les dernières sorties de modèles prévoient une intensification de la densité de la poussière dans les jours à venir, notamment en fin de semaine et durant le week-end surtout à l’Est, sur la partie Nord et sur le littoral. Et les services Météo de l’Anacim ne manqueront pas d’informer le public, à travers des bulletins d’alertes et des mises à jour, lorsque les seuils de visibilité seront franchis.

Il rassure : «Pour le moment, les visibilités ne sont pas encore affectées à un tel point que la circulation des personnes et des biens soit impactée négativement. Actuellement, elles se situent entre 8.000metplusde 10.000m.»Une baisse des températures aussi bien maximales que minimales va s’associer, jusqu’au dimanche, à ce temps poussiéreux. D’après les projections de l’Anacim, les températures maximales devraient varier entre 26 et 33 degrés et celles minimales, c’est-àdire nocturnes, entre 13 et 19 degrés. Les valeurs les plus basses sont attendues au Nord, Centre et au Sud dans la région de Kolda et Sédhiou.

«Cependant, la distribution ne sera pas uniforme mais plutôt par endroits. Dans une même région, certains endroits peuvent enregistrer des températures qui tournent autour de 13 à 15 degrés, tandis que dans d’autres, les températures peuvent être légèrement supérieures», clarifie Abdoulaye Diouf

Sur certaines plateformes numériques informant de la qualité de l’air, les signaux sont oranges pour Dakar et plusieurs autres régions du pays. C’est ce que révèle le site Aqi.inoùlaqualitéde l’air est cotée 116avecunpetitmot‘’Poor’’(mauvais) au bas de la note. Et dans la partie des ‘’Principaux polluants atmosphériques dans Dakar’’, il est indiqué que la concentration actuelle dePM2.5 dans Dakar est 2.9 fois supérieure à la limite recommandée donnée par la valeur des lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) sur la qualité de l’air sur 24 heures.

Concernant la concentration de PM2.5, le signal est jaune pour Dakar. Pour les PM10, la barre est verte et est appréciée avec le chiffre 19. «La situation de la qualité de l’air est moyenne, mauvaise voire très mauvaise en cette période de saison sèche. L’harmattan qui est un vent de secteur Nord favorise le transport de particules venant du désert(Sahara).Ces particules vont s’ajouter à la pollution existante à Dakar. Durant la période de saison sèche, on enregistre une hausse régulière des concentrations de particules dans l’air ambiant», explique André Jacques Mame Ngor Dioh, chargé de la modélisation au Centre de Gestion de la qualité de l’air de Dakar.

«Pour les prochaines24heures,le centrede gestion de la qualité de Dakar a prévu un indice orange ou une mauvaise qualité de l’air. Une autre prévision sera faite pour les 24 heures qui suivront la journée d’aujourd’hui, (hier)», renchérit-il.

Le danger pour les personnes fragiles et les conseils médicaux

L’inhalation de ce type de particules se traduit en premier lieu par des bronchites chroniques et de l’asthme. Les personnes sujettes à l’asthme font d’ailleurs partie des sujets les plus sensibles à cette mauvaise qualité de l’air.

«Ce sont les patients qui souffrent d’affection broncho-pulmonaire ou cardiaque. Les personnes qui ont une baisse de l’immunité, notamment les petits-enfants surtout les asthmatiques, les personnes âgées, les personnes qui souffrent de diabète, d’hypertension artérielle, de cancer, entre autres pathologie vont être plus vulnérables par rapport à la perturbation de la qualité de l’air. Mais tout le monde est concerné», dit Docteur Fatoumata Bintou Rassoul Mbaye, pneumologue au centre hospitalier régional de Fann. Le risque, pour ces personnes vulnérables, c’est de voir leur pathologie, qui est déjà chronique, s’exacerber.

«Elles vont faire plus facilement des crises d’asthme, vont ressentir des douleurs, une gêne respiratoire accompagnée de toux…Ceux qui souffrent également de broncho-pneumopathie chronique vont tousser, cracher et peuvent faire des surinfections bronchiques», ajoute la spécialiste. La prévention devient alors un impératif.

«C’est le port de masque que la population avait adopté durant les périodes de forte contamination au covid-19. Il faut se laver les mains, avoir une bonne hygiène de vie, rester autant que possible, boire beaucoup d’eau», recommande-t-elle.

L’Obs

Oumou Khaïry NDIAYE
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