La grande faucheuse a encore frappé et emporté avec elle un socle de la sociologie de l’école de Dakar. Le professeur Malick Ndiaye est parti. C’était un penseur, un bâtisseur de concepts, de paradigmes et de notions en sociologie, en un mot un universitaire. Il a imprimé incontestablement ses marques dans la conception de la sociologie africaine par ses travaux de recherche, ses publications et ses enseignements aussi bien du point de vue épistémologique que méthodologique.
Le professeur Malick Ndiaye était un intellectuel courageux et peu compris surtout par la communauté universitaire. Il nous a tous fasciné par ses analyses pertinentes, son courage et son engagement dans l’espace public pour la défense de la cause du peuple, des « sans voix ».
Le SAES (Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur) a perdu aujourd’hui un militant exceptionnel qui était présent à toutes les luttes. C’était un homme de valeur, un homme généreux au grand cœur, un combattant. Il a toujours fait don de soi pour la conquête de la liberté, de la souveraineté des peuples africains et la préservation de leurs diverses identités culturelles. Son caractère de sociologue, de libre penseur, explique clairement son court compagnonnage en qualité de ministre conseiller d’abord du président Abdou Diouf et ensuite du président Macky Sall.
Malick Ndiaye alias Jean Yves de Koki et d’Amiens incarnait la discipline sociologique au vrai sens du terme, c’est-à-dire qu’il portait en lui, ce caractère d’insoumission, d’insubordination et de désintéressement de l’intellectuel qui se manifeste à travers son courage, son engagement et son sens de la responsabilité. Malick Ndiaye m’a parlé récemment de son projet qui consiste à partager les résultats de ses dernières recherches de terrain (enquêtes de terrain réalisées sur l’ensemble du territoire national).
Il envisageait de partager avec les collègues et les étudiants sous forme de séminaire en Master et à l’école doctorale ETHOS, les conclusions de ses longues investigations sur les fondements de nos cultures, de nos peuples et de leur histoire.
Je prie Allah qu’il accueille notre maître, aîné et collègue le professeur MalickNdiaye dans son paradis le plus élevé. Je présente d’abord à moi-même les condoléances, ensuite à mes collègues du département de sociologie particulièrement son disciple Dr. Ibrahima Niang, puis à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, à l’UCAD, et enfin à toute la communauté universitaire du Sénégal, d’Afrique et du monde.
J’adresse mes condoléances également à son épouse Madame Ndiaye, à ses enfants, à toute la famille Ndiaye et à la nation sénégalaise. La disparition du professeur MalickNdiaye est véritablement une grosse perte.
Repose-toi en paix cher professeur, cher ami, cher collègue et cher camarade. Que la terre de Touba te soit légère. Amine.
Pr. Souleymane Gomis
