Dégradation Des Terres, Risques Climatiques Et Manque De Moyens Ces goulots qui étranglent le secteur de l’agriculture

En vue de proposer aux décideurs une politique agricole permettant de régler définitivement le problème d’insécurité alimentaire, l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts) a tenu hier une séance sur le secteur de l’agriculture. Coanimant le panel, le directeur général du centre de Suivi Écologique (Cse), Cheikh Mbow, en a profité pour relever certaines difficultés liées, entre autres, à la dégradation des terres et les risques climatiques qui, à ses yeux, étranglent le secteur agricol

Pour assurer sa sécurité alimentaire et planifier les réponses, le Sénégal a besoin de données fiables pour éclairer les politiques agricoles sur les chocs actuels et futurs susceptibles de conduire à des crises alimentaires. Selon le Directeur général du Cse, Cheikh Mbow, les autorités devraient commencer d’abord par relever certains défis.

«On ne peut pas parler de production agricole sans savoir un peu les facteurs d’exposition de ce système agricole. C’est pourquoi on a parlé du risque climatique qui est un problème très lancinant au niveau du Sénégal», souligne le paneliste.

En plus du risque climatique, Cheikh Mbow relève le problème pluviométrique ainsi que des phénomènes extrêmes, notammentles inondations et la dégradation des terres. «Il y a également des contraintes qui s’articulent autour de l’exploitation familiale qui n’a pas assez de moyens pour pouvoir faire face à tous ces défis», affirme le directeur général du Cse

Malgré le processus de dégradation des terres, il reste cependant convaincu que le Sénégal est doté de ressources fertiles.

«Il y a beaucoup d’endroits au Sénégal où on peut promouvoir une forme d’agriculture. Il ne s’agit pas seulement de produire comme l’arachide ou le mil, le pastoralisme fait partie des systèmes de production», indique le paneliste. Il souligne que dans la partie du Ferlo avec toutes les ressources en eau que nous avons dans les différents fleuves du Sénégal, il est possible de promouvoir une agriculture fourragère et une agriculture de contre-saison pour pouvoir équilibrer les besoins en matière d’agriculture

A ces potentiels dont dispose le Sénégal, il ajoute l’eau et l’énergie. Cheikh Mbow est d’avis que les quantités de terres non exploitées au Sénégal peuvent accélérer cette adhésion en agriculture qui est un levier de transformation sur lequel le nouveau régime peut bâtir sa politique de création d’emplois et de nourriture.

Il estime que l’intelligence artificielle est un atout pour permettre au Sénégal d’accélérer l’information par la prise de décision. «Nous avons donc proposé de faire beaucoup recours à ce système moderne pour savoir où l’investissement peut être porteur pour aller à la sécurité alimentaire», affirme Cheikh Mbow

Interpellé par ailleurs sur la politique agronomique, le paneliste est d’avis que celle-ci doit être revisitée. Il souligne en effet qu’il y a beaucoup d’opportunités agronomiques que l’État ne met pas en exergue.

«Si vous regardez le rapport sur la sécurité alimentaire, le nombre de variétés ne fait pas une dizaine. Or on a beaucoup de plantes avec des potentiels agronomiques et surtout nutritionnels avec des capacités de résoudre le problème de santé lié à la nourriture sur laquelle on n’investit pas assez. Par exemple pour le baobab, avec tout ce qui y est contenu en matière de vitamines C, il n’y a pas de politique agronomique pour le baobab», regrette Cheikh Mbow.

En plus du baobab, il renseigne qu’il y a une panoplie de plantes qui sont très riches et qui sont négligées. «Et du point de vue de la transformation, ces plantes sont en train d’être exploitées par des grandes firmes comme Nestlé et les autres institutions qui font de l’agro-industrie, alors que notre pays qui produit ces plantes n’en profite pas. Donc, si on veut créer une niche de plus-value pour accélérer la sécurité alimentaire et la nutrition, il faut donner beaucoup plus de valeur à ces plantes négligées», ajoute le paneliste D’autant que, poursuit-il, il y en a des dizaines qui donnent de l’huile, des protéines, du sucre, qui ne sont jamais exploitées.

Quotidien L’As

Oumou Khaïry NDIAYE
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