Des experts ont planché sur les enjeux des locales de janvier 2022, la prolifération de la violence : «Sénégal, un Etat avec une démocratie autoritaire…»
Dans un contexte de débats très intenses entre les différents acteurs en direction des élections locales du 23 janvier 2022, de violences accrues notées un partout dans la société, la Fondation Konrad Adenauer et l’organisation Wathi ont organisé ce jeudi 9 décembre 2022, une table ronde pour réfléchir sur la situation un peu tendue du pays. Prenant part à cette réunion regroupant des membres de la société civile pour la plus part, le Maitre de conférence assimilé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar UCAD, Jean Charles Biagui, a dénoncé la mauvaise foi des acteurs politiques.
Selon lui ce qui le prouve est qu’à chaque élection qui se présente, «Il y’a des reformes qui sont proposées. Ils ne se font pas confiance», soutient le professeur. «La démocratie sénégalaise est problématique et incomplète» L’autre chose relevée par l’enseignant chercheur, ce sont les manquements dans le renforcement de la démocratie.
Pour lui, «La démocratie sénégalaise est problématique et incomplète. Dans ce pays on arrête des gens dans le seul but de les humilier. Raison pour laquelle, on peut même considérer le pays comme un état avec une démocratie autoritaire».
Par rapport à la violence qui gangrène la société aujourd’hui, que ce soit verbale, physique ou autre, il prévient que l’Afrique ne peut pas être à l’abri au vu de ce qui se passe ailleurs. Il pense que l’heure est à la réflexion afin de trouver le plus rapidement des solutions. Car l’image du Sénégal taxé de pays stable, de paix, est à préserver.
«L’histoire politique du Sénégal est jalonnée de violence. On se souvient de l’assassinat de Demba Diop, des policiers en 1994…», a-t-il rappelé.
Pour freiner cette forme de violence notée, M. Biagui propose à l’Etat de revoir sa forme de répression qui souvent met le pays sous tension et pousse les populations à riposter. La corruption, élément biaiseur de la transparence Mettant également en garde sur la corruption qui, selon lui, est un des facteurs qui peuvent biaiser la transparence dans le processus.
«Il faut éviter le fétichisme électoral, et le laxisme», a-t-il invité.
Regrettant de constater que souvent c’est le même cadre juridique qui est repris sans faire des corrections. Cause pour laquelle, les mêmes erreurs sont également reconduites. Biagui n’est pas le seul à donner sa pensée. L’expert sur les questions électorales et directeur de Synapsus Consulting, Mamadou Seck, est revenu sur la coalition entre Sonko et Khalifa Sall. Une alliance qui demande des réflexions, selon lui, dans la mesure où les deux hommes n’ont rien en commun sur le plan du vécu et du caractère.
Dakar et Ziguinchor, véritables enjeux
Pour corriger le nombre faible de femmes participant aux élections aux Sénégal, il propose une promotion de ce genre en leadership. Surtout comme chef de partis afin d’accéder au fauteuil de maire. Il souligne que Dakar, Ziguinchor sont les véritables enjeux depuis 2009 et propose la révision de la loi électorale pour appuyer le processus.
«Au delà de la tactique, il y’a un manque de volonté du président Macky Sall qui a voulu montrer qu’il est le seul maitre du jeu. Il faudrait que la société civile et les autres partis fassent le nécessaire pour le respect du calendrier électoral», a ajouté l’experte en Droits de l’Homme et membre de la société civile, Mme Oumou Cantome Sarr.
«Les sénégalais doivent être éveillés», a-t-elle conclu.
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