Une délégation sénégalaise composée de représentants des foyers religieux, conduite par le khalife général de Bambilor, Thierno Amadou Ba, a été reçue au Saint-Siège pour une rencontre significative avec les représentants du Vatican ce samedi 22 février. Cette rencontre qui a réuni des universitaires, des dignitaires religieux et des acteurs politiques, dans le cadre du dialogue interreligieux et de la diplomatie religieuse avait pour objectif de discuter des projets du Sénégal portés par le Khalife, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et l’ONG Fawzi Wa Nadjati.
A l’entame de son discours, le khalife de Bambilor a magnifié cette rencontre qui a regroupé un parterre de personnalités: « C’est avec une profonde gratitude et une immense joie que je prends la parole aujourd’hui, en ce lieu chargé d’histoire, de spiritualité et de quête de paix. Je me tiens devant vous avec humilité et espoir, au nom de la délégation sénégalaise que j’ai l’honneur de conduire, pour exprimer notre reconnaissance et notre engagement envers cette rencontre historique entre le Vatican et notre mission interreligieuse et universitaire », a indiqué Thierno Amadou Ba qui n’a pas manqué d’exprimer ses prières « les plus sincères » pour la santé et le rétablissement de Sa Sainteté le Pape François.
Après quoi, le khalife a rappelé que le dialogue interreligieux ne saurait être une utopie. « Parmi nous se trouvent des guides religieux issus de différentes confréries soufies, des représentants de l’Église, ainsi que des universitaires engagés dans la réflexion et la construction de solutions durables pour nos sociétés. Cette complémentarité est notre force, elle est notre message, elle est la preuve vivante que le dialogue est possible, nécessaire et porteur d’avenir », a-t-il souligné.
Dans le même registre, il a tenu à exprimer sa « profonde reconnaissance » à Son Excellence le Nonce Apostolique de Dakar, « dont l’engagement pour le dialogue et la consolidation des liens entre nos communautés religieuses et le Vatican est inestimable ». Il a également rendu hommage à tous les guides religieux du Sénégal, qui ont accepté de l’accompagner dans cette mission: « illustrant ainsi notre engagement collectif à promouvoir un dialogue interreligieux sincère et constructif », s’est-il réjoui.
« Un remerciement particulier va à la Mission catholique du Sénégal, et en particulier au Père Zacharie et le Père Alphonse Ndour, dont le travail inlassable pour le rapprochement des communautés et la préservation du vivre-ensemble mérite d’être salué », a-t-il ajouté non sans exprimer sa gratitude à l’État du Sénégal, qui, selon lui, a toujours œuvré pour faire du dialogue interreligieux un pilier de notre cohésion nationale.
« L’accompagnement du maire de Bambilor est aussi à saluer. Enfin, je salue avec une reconnaissance particulière le Rectorat de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), qui a joué un rôle clé dans cette mission en envoyant des enseignants-chercheurs pour accompagner nos réflexions et renforcer la dimension académique et méthodologique de notre engagement en diplomatie religieuse », a-t-il fait savoir.
Cette rencontre organisée dans un contexte « où le monde traverse une période d’incertitude où les divisions se creusent, où les conflits se multiplient, où la peur de l’autre l’emporte trop souvent sur la volonté de comprendre », et face à cette réalité, le khalife a précisé qu’ils ont une responsabilité historique : « celle de ne pas nous contenter de paroles, mais d’agir, d’innover et de bâtir des alliances durables ».
Ainsi, il précise que le but de leur rencontre ne se limite pas à un simple dialogue institutionnel: « Il s’agit de poser les bases d’une coopération solide, d’une synergie entre religieux, intellectuels et décideurs politiques pour œuvrer, ensemble, en faveur d’une paix mondiale véritable et durable. Cette paix ne saurait être une simple aspiration lointaine. Elle doit être pensée, construite et mise en œuvre à travers des stratégies communes et des actions concertées. C’est dans cette dynamique que notre comité scientifique et le Dicastère pour le Dialogue Interreligieux engageront des discussions techniques, afin de définir des axes de collaboration précis et concrets », a-t-il argumenté.
« Nous sommes convaincus que cette coopération aboutira à des initiatives majeures, articulées autour de trois priorités fondamentales: créer un cadre permanent de dialogue entre le Vatican et les acteurs religieux et académiques africains, afin de renforcer la paix et la tolérance, développer des programmes conjoints entre institutions religieuses et académiques, promouvant la recherche et l’éducation sur la coexistence et la médiation des conflits, mettre en place des plateformes d’échange et des initiatives concrètes, visant à apporter des solutions aux tensions interreligieuses, aux crises migratoires et aux défis de la cohésion sociale », a-t-il expliqué.
Pour Thierno Amadou Ba, le monde a besoin d’unité et non de division, d’ouverture et non de repli. Toujours dans son allocution, le khalife a déclaré que la paix ne se construit pas dans l’isolement: « c’est pourquoi, nous, acteurs religieux, avons le devoir de continuer à travailler ensemble, mais aussi de collaborer avec les autres forces vives de nos sociétés : le monde académique, les décideurs politiques et les institutions internationales. Nous ne devons plus voir la religion comme une affaire privé simplement, mais comme un trait d’union, un espace où se rencontrent les valeurs universelles du respect, de la justice et de la solidarité. Nous devons intégrer les nouvelles générations dans cette dynamique, pour que la paix que nous rêvons ne soit pas seulement un héritage du passé, mais une réalité vivante qui façonne l’avenir », a-t-il fait savoir. .
Dans sa réponse, le représentant du Pape François, Son Excellence, Monseigneur Paul Richard Guéléguer a exprimé sa reconnaissance à la richesse des échanges avec un enthousiasme sincère.
« J’ai longtemps entendu parler de dialogue interreligieux, mais aujourd’hui, je découvre une véritable diplomatie religieuse, incarnée par le Khalife. C’est une approche aussi géniale qu’indispensable. Son affirmation résonne comme un écho à l’esprit d’ouverture et de coopération qui a animé cette rencontre », a dit le numéro 2 du Vatican avant de rappeler l’héritage inspirant du Cardinal Hyacinthe Thiandoum, en affirmant fièrement que « le Sénégal a beaucoup à enseigner au monde ».
Il a également salué la clairvoyance de l’UCAD, qui, en s’engageant sur ces questions, prouve que l’université n’est pas seulement un lieu de savoir, mais aussi un acteur du vivre-ensemble ». Dans son discours très attentifs et collaborateur, Monseigneur Guéléguer a encouragé la délégation poursuivre cette dynamique: « je suis convaincu que nous pouvons travailler ensemble ».
Des engagements qui témoignent du soutien sincère du Vatican à la diplomatie religieuse, ouvrant ainsi des perspectives prometteuses pour un avenir de dialogue et de collaboration.
Cette rencontre au Saint-Siège marque une avancée majeure dans la reconnaissance de la diplomatie religieuse comme levier de paix mondiale. Ainsi, l’engagement du Khalife et des chefs religieux sénégalais, l’implication de l’UCAD et le soutien du Vatican ouvrent une nouvelle ère où la religion et la science, la foi et la raison, se conjuguent pour la construction d’une paix durable.
Correspondance particulière de
Al Saleh