Il faut en finir avec le dossier Sweet beauté qui est le dossier politico-judiciaire le plus brûlant sous le régime de Macky Sall. Après que Ousmane Sonko ait refusé de signer le dernier vendredi du mois, des rumeurs faisaient état d’un mandat d’arrêt signé par le doyen des juges. Les militants du PASTEF très déterminés à en découdre avec le régime, avaient déjà appelé à la résistance ; heureusement que cette rumeur fut démentie.
Avec ce dossier politico judiciaire, le Sénégal est assis sur un volcan dormant. Les opposants qui ont toujours indexé le chef de l’Etat de guillotiner ses opposants à l’image de l’arrestation et du mise en exil de Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye, et l’emprisonnement de Khalifa Sall, les jeunes du PASTEF ne comptent pas laisser la machine judiciaire écraser leur leader.
Ils sont déterminés à barrer la route au juge d’instruction, Omar Maham Diallo, qu’ils accusent déjà d’avoir pris partie pour Adji Sarr en partageant un article incriminant l’accusé dans le passé. Est-ce qu’il y aura une négociation afin d’apaiser la tension pour éviter des débordements, rien n’est encore sûr. Ousmane Sonko qui crie au complot devra être entendu pour la première fois dans le fond du dossier en présence d’un pôle d’avocats qui sont au moins au nombre de 13.
La bataille judiciaire se fera en concert avec la bataille politique. L’audace de l’ancien procureur de la république, Serigne Bassirou Gueye, dont des photos d’un salon massage supposé appartenir à Ndeye Khady Ndiaye, ont donné une autre tournure au dossier.
Après son audition le mardi passé, Ndeye Khady Ndiaye, poursuivie pour diffusion d’images obscènes, complicité de viol et encouragement à la débauche pendant 8h d’horloge (10h à 18h) a maintenu sa déclaration durant l’enquête primaire faite à la gendarmerie de la section des recherches de Colobane.
Donc, la propriétaire du salon de massage Sweet beauté SPA est censée en principe, restée constante. Ousmane Sonko qui dit s’être rendu au Salon explique que c’était pour des raisons thérapeutiques puisqu’il souffre d’un mal de dos depuis une trentaine d’années. Ayant un léger avantage du fait que tous les témoins sont à décharge et aussi du fait que le certificat médical ne mentionne aucunement des rapports sexuels avec la plaignante et l’accusé, Ousmane Sonko a soutenu lors de sa dernière sortie qu’il est impossible qu’il soit condamné.
Pire, il accuse le régime de vouloir suspendre une épée de Damoclès sur sa tête. Soit on vide le dossier soit il ne signera plus, avait-il averti. Face aux faucons du palais, le leader de l’opposition est prêt à mener une résistance dont l’arrestation peut bien mener à une seconde vague qui pourrait être dévastatrice.
D’ailleurs pour mettre la pression, le chef de l’opposition a refusé d’aller signer lors du dernier vendredi. Ce refus selon nos confrères de Atlanticactu a motivé les faucons du palais pour faire arrêter l’opposant l’après-midi du vendredi. Si les policiers ne l’ont pas exécuté, c’est parce que les officiers de l’armée grâce aux renseignements se sont opposés car une telle arrestation pourrait entraîner une situation obsessionnelle et faire tomber leur travail de sécurisation du sud entamé depuis plus d’une semaine, à l’eau.
Mais Babacar Touré, un journaliste d’investigation a pris le contre-pied en soutenant que la présence massive des forces de l’ordre dans la capitale du sud est due à une politique de sécurisation du fait que le ministre des affaires étrangères, Aissata Tall Sall devait s’y rendre.
Après le face à face avec les avocats, l’actuel doyen des juges, Maham Diallo qui a hérité de ce dossier après le rappel à Dieu de Samba Sall, va fixer une date pour l’audition de Ousmane Sonko et peut être en finir avec ce dossier qui fait du Sénégal au volcan ceinturé par des pays dont la sécurité est fragile.
Vers Un Watergate Bis
Dans ce dossier, rien n’est exclu d’autant plus que des coups réguliers et irréguliers ont été donnés de part et d’autre. D’un dossier privé il est devenu un dossier qui oppose le régime de Macky Sall au chef de l’opposition. Autant le procureur est accusé d’avoir greffé des pièces à convictions pour mettre la main sur Ndeye Khady Ndiaye qui avait refusé de céder, d’après certains témoignages aux tentatives de corruption pour changer de version et faire tomber Sonko, autant les opposants ont indexé le président Macky Sall de vouloir saisir l’occasion pour se séparer d’un adversaire coriace, téméraire et charismatique.
Jusqu’où ira le duel? Quand il n’y a pas un non-lieu par faute de preuves, le juge Maham Diallo va renvoyer le dossier pour qu’il soit jugé en audience. Là, il y a beaucoup de risques, des révélations fracassantes vont être faites à l’audience.
Dans le tribunal comme dans les réseaux sociaux et les médias, on risque d’assister à des révélations inédites qui pourraient même fragiliser l’Etat car le procès se fera aussi bien au tribunal qu’en place publique.
Ce dossier qui a pris le Sénégal en otage depuis un an avec une plaignante qui dit être en grossesse qui bientôt va faire 15 mois et une pénétration imaginaire si l’on se fie au certificat médical, doit être vidé. Dans une situation de crise économique accentuée par l’invasion Russe en Ukraine entraînant la flambée des prix alors que le gorgorlu tirait déjà le diable par la queue, il n’est pas souhaitable de mettre de l’étincelle dans la paille.
Le Mandat