Vox Populi-Pendant que le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba fait des pieds et des mains pour le respect du calendrier scolaire, cette année, l’école sénégalaise souffre de maux dont l’incurie risque d’hypothéquer le cours normal. L’ouverture des classes prévue le 2 octobre pour les enseignants et le 5 pour les élèves, s’annonce sous de mauvais auspices.
A deux semaines de cette reprise, plusieurs établissements sont submergés par les eaux de pluies alors que la pluviométrie pourrait persister jusqu’en fin septembre-début octobre, comme c’était le cas l’année dernière.
«Si nous n’y prenons pas garde, les cours ne pourront pas reprendre d’ici un mois et ceci est valable pour beaucoup d’écoles au Sénégal », redoute Abdoulaye Fané, président de l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal.
Ajouter aux conséquences de cet aléa climatique, le lot incalculable d’abris provisoires que le gouvernement peine à résorber depuis bien des années. A cause de la persistance des abris provisoires, 1 million 500 mille élèves répartis dans le territoire national ne sont pas dans des conditions optimales d’apprentissage.
La région naturelle de Casamance, le Fouta, Kédougou, Bakel et le centre du pays sont les zones qui en abritent le plus grand nombre. Au même moment, l’école sénégalaise est à l’épreuve du ratio moyen d’un enseignant pour 45 élèves.
Le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), leader dans l’élémentaire, pointe un déficit anormal d’enseignants à Kédougou, Matam et Sédhiou où sur près de 200 départs, seule une dizaine est arrivée en remplacement. Kolda est toujours déficitaire de 119 enseignants.
Aujourd’hui encore, l’absence de tables-bancs dans certains établissements est telle que le Comité régional de développement (CRD) préparatoire de la rentrée des classes tenu, avant-hier à Diourbel, s’est saisi de la question pour faire appel aux collectivités territoriales à combler le déficit criard noté dans toute la région. Un déficit de 12000 tables-bancs a été enregistré en 2023 à Kolda. Si pour toutes ces raisons les parents d’élèves sont dans l’incertitude quant au démarrage effectif des enseignements et apprentissages au Sénégal, à date, les enseignants ne sont pas au bout de leur peine et comptent y mettre un terme par la satisfaction exigée du gouvernement de leurs plateformes revendicatives. Seul gage d’un début d’année scolaire perturbations.
« Nous nous sommes rendus compte, depuis un temps, qu’il y a des préavis de grèves qui risquent d’être déposés par certains syndicats d’enseignants. Il se pourrait qu’il y ait des problèmes », craint M. Fané.
« Il y a lieu aujourd’hui d’alerter les autorités pour qu’elles puissent prendre les devants afin que nous puissions véritablement espérer avoir une bonne rentrée », s’explique le secrétaire national aux revendications et aux négociations collectives du Syndicat autonome des Enseignants du Moyen Secondaire (SAEMSS).
Aujourd’hui, déclare Tamsir Bakhoum, « nous pouvons dire sans risque de nous tromper que toutes les conditions ne sont pas réunies pour un démarrage effectif des enseignements et apprentissages à partir du 5 octobre prochain».
Dans le même temps, le SELS n’exclut pas d’aller en grève contre une situation qui a fini d’installer chez les enseignants, selon son secrétaire général Hamidou Diédhiou, «L’embarras, le découragement, la démotivation, le manque de confiance en soi avec même des répercussions sanitaires sans précédents ».
Suffisant pour ne rien espérer de bon à la rentrée prochaine sous le slogan «Ubbi Tey, Jang Tey»
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