Emeutes du meeting avorté de Pastef à Mbacke : Après les dégâts, l’heure est au bilan et à la reconstruction

(L’Obs) A Touba et Mbacké, l’heure est au bilan et à la reconstruction, après les dégâts du meeting avorté du parti Pastef/Les Patriotes d’Ousmane Sonko. 57 personnes dont Serigne Assane Mbacké, arrêtés vendredi, seront présentées devant le Procureur près le Tribunal de grande instance de Diourbel.

72 heures après les émeutes occasionnées par l’interdiction du meeting de Ousmane Sonko à Mbacké, l’agglomération de Mbacké Touba retrouve le calme d’antan. Plusieurs commerces, des stations-services ont été, rappelons-le, endommagés et l’heure est au bilan et à la reconstruction. C’est le cas à Total Keur Khadim où un technicien s’affaire autour des pompes, toutes deux à terre, l’une à moitié brûlée portant encore les stigmates des flammes, l’autre réduite en ferraille.

Elancé, casquette bien vissée, habillé en uniforme, Pape Mbaye, la quarantaine, démonte les pompes, à ses côtés une valisette remplie de clés. Plus question d’utiliser ces pompes désormais destinées à l’entrepôt de pièces ou d’objets du genre. A Touba, Pape n’est pas en terrain inconnu, même si les circonstances de sa présence dans la capitale du Mouridisme sont autres hier. «D’ordinaire, nous intervenons chaque fois qu’il y a des ennuis techniques au niveau des stations-services de Total, et cela sur l’étendue de la région de Diourbel.

Nous sommes des prestataires de Total. Nous avons démarré le lendemain des émeutes du vendredi 10 février à démonter les pompes vandalisées, six au total (02 au niveau de Keur Khadim, 01 à khelcom et 03 à Touba) et espérons terminer le travail aujourd’hui (dimanche, Ndlr) avant de les acheminer vers Dakar», dit-il.

Pape n’est pas seul, il est aidé par un des pompistes, visiblement dépassé, qui lui passe une clé par ci ou lui tient une lance par là. Cheikh évalue les dégâts, le coeur meurtri. «Les manifestants sont rentrés dans la boutique après avoir détruit les 3 pompes et ont tout emporté. Même l’argent qui se trouvait dans la caisse a été volé. Nous estimons les dégâts entre 5 et 6 millions FCfa», confie le pompiste.

Une délégation de la Direction générale de Total Sénégal s’est rendue sur les lieux samedi. Selon Pape Mbaye, un huissier a été commis pour évaluer les dégâts dans les trois stations Total touchées.

Senchan, non loin de là, les vitres de la façade extérieure sont toutes caillassées. A l’intérieur, des réfrigérateurs sont sens dessus dessous.

Des emballages de produits ou d’aliments jonchent le sol, les étagères sont envahies de poussière. Le long des murs, on aperçoit plusieurs toiles d’araignée. Ça fait des mois que Senchan Touba a fermé boutique.

Les émeutiers lui ont rendu visite et ont tout emporté, du moins ce qui reste encore dans la boutique. Ici, un huissier a été également commis pour évaluer les dégâts.

Le siège de Orange à Touba a aussi fait les frais des manifestants. Une bonne partie de la couleur de la façade extérieure a laissé la place au noir. A l’accueil, le tableau

magnétique est incendié ainsi que certaines chaises qui étaient réservées à la clientèle. Des ordinateurs endommagés ou volés, des installations électriques sabotées.

Sur place, une vingtaine d’ouvriers est à l’oeuvre. Les uns s’attèlent à refaire la peinture dont l’odeur fraîche embaume l’espace. D’autres montent des vitres toutes neuves ou s’emploient à remettre les installations électriques. Le bruit des marteaux, des scies métalliques se mêle aux voix. Un véritable vacarme.

Des menuisiers, des peintres, des électriciens, bref une offre de service à la hauteur des dégâts. On rivalise de compétence et d’efficacité, mais surtout de rapidité dans le travail sous l’oeil du chef de chantier. Ici c’est le fast track car il faut vite refaire les lieux sous peine de subir d’énormes pertes.

Sous la pression, Monsieur Ndiaye, le chef de chantier qui a constamment le téléphone collé à l’oreille, est avare en parole : «Pas question de s’adresser à la presse. Nous avons reçu des instructions de Cheikh Tidiane Diop que nous appliquons sans état d’âme», dit Monsieur Ndiaye en nous priant de quitter les lieux.

Au poste de perception de la mairie, l’on est prompt à crier la colère. Ici, la porte a été défoncée, des carnets à souche éparpillés par terre. L’agent municipal a fini même par déménager dans un nouveau bureau ouvert plutôt que prévu.

«L’Obs »

Dieyna SENE
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