Vox populi- Pour freiner les flux massifs de candidats à l’émigration irrégulière, phénomène qui a touché une majeure partie des villages traditionnels «Lebous», les imams et notables de Diokoul ont pris sur eux de s’impliquer activement dans la lutte engagée contre cette forte saignée. Déterminés à prendre à bras le corps ce combat, ils ont tiré la sonnette d’alarme et interpellé les autorités ainsi que les parents qui sont, à leurs yeux, «responsables» de cette tragédie.
Imam Birane Sarr, président de l’association «J’aime Diokoul» est de ces autorités locales. Membre du Comité des sages de cette localité et quartiers environnants, il a relevé quelques facteurs explicatifs de cette ruée des jeunes vers ces embarcations de fortune pour se rendre en Espagne.
«On est confrontés à un réel problème qui touche les jeunes de nos localités. Sans emploi et sans éducation, ils sont laissés à eux-mêmes. Ils ont deux choix : prendre les pirogues et mourir en mer ou, entre autres, se droguer, boire de l’alcool… Ceux qui sont restés ici sont devenus un danger pour les femmes et les personnes de troisième âge. On remarque, de plus en plus, des cas d’agression. Ce qui est anormal pour ce quartier qui avait une bonne réputation», a confié l’Imam Sarr.
A l’en croire, l’émigration irrégulière a beaucoup touché cette localité. Surtout à la suite des derniers heurts opposant des migrants qui tentaient de voler une pirogue de pêcheurs de Diokoul Ndiaye et des populations locales. Actuellement, plusieurs jeunes du quartier sont toujours en prison, dit-il, en plaidant leur libération.
«Nous profitons de l’occasion pour lancer un appel à nos autorités. Il y a eu des problèmes en haute mer entre des migrants et nos jeunes pêcheurs. Il y a eu même des morts et des pertes de matériels. Il y a eu des plaintes de part et d’autre. Mais, grâce à ce comité nous avons fait des démarches.
Finalement, toutes les parties ont retiré leurs plaintes. Ils ont produit des lettres de désistement. Et pour cela aussi, nous demandons la clémence, à l’État, pour faciliter leurs libérations».
Ces imams et notables qui se sont réunis à la place publique de Diokoul Ndiaye, ont profité de l’occasion pour lancer un appel aux autorités. «Nous sommes très inquiets sur ce qui se passe. Nos jeunes sont en danger et nous avons la responsabilité de parler et sensibiliser. Il faut le dire ! La cause de nos problèmes, c’est que nous avons beaucoup de jeunes qui n’ont pas une bonne éducation. Cette situation est causée par un déficit d’infrastructures scolaires. Je l’ai dit et je le redis.
Dans ce phénomène d’émigration irrégulière, tu ne verras jamais le fils d’une autorité quitter le pays à bord d’une pirogue. Donc, ceux qui vont prendre la mer, ce sont des hommes et femmes qui sont fatigués, désespérés, qui n’ont pas d’emploi. Et parmi les causes, également qu’on a pu détecter, les sociétés qui tournent autour de nous, la Senelec et les autres sociétés qui n’ont aucun rendement pour les populations environnantes. Donc, par rapport à ça nous sommes en train de faire des démarches. On a écrit des lettres à ces autorités tel que le président Samuel Sarr pour qu’il nous aide et facilite l’accès aux emplois à nos jeunes», a déploré Imam Sarr.
Selon lui, la seule solution proposée par ses semblables, lors d’une large concertation, reste l’éducation et la formation pour soutenir ces jeunes. «Il nous faut des infrastructures de base. On veut un lycée pour que nos jeunes puissent étudier et avoir un avenir meilleur, car la mer ne peut plus permettre à nos populations de survivre», a soutenu Imam Birane Sarr.
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