S’il est certain qu’Ousmane Sonko est condamné à 2 ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », en première instance, dans l’affaire Sweet Beauty, il reste, cependant, moins sûr qu’il finira en prison après la levée du blocus chez lui à la cité Kër Gorgui. C’est du moins de spécialistes de la chose politique interrogés mercredi dernier.
Depuis le fait, la levée du blocus chez Ousmane Sonko suscite moult supputations. Parmi celles-ci, la volonté prêtée à l’Etat d’aller cueillir le leader du Pastef pour le conduire en prison.
Interpellé, avant-hier, sur cette éventualité d’envoyer Sonko en prison, après le verdict prononcé en première instance dans l’affaire Sweet-Beauté, le condamnant à 2 ans de prison ferme, le ministre porte-parole du Gouvernement a dit ceci : «ce sont des questions judiciaires.
Même si le ministre de la Justice a évoqué la disponibilité de la décision de la justice, il y a d’autres procédures à suivre. Cela dépend du Procureur de la République, malheureusement, je ne le suis pas».
Une suite que ne partage pas l’enseignant-chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Moussa Diaw.
«Je ne crois pas que le fait de desserrer l’étau sur Sonko puisse après préparer le terrain à créer des conditions qui pourraient générer la violence. Je n’y crois pas d’autant plus qu’il y avait une forte tension et le président de la République, dans son discours, voudrait une stabilité et une organisation d’élection transparente», analyse d’emblée Pr Diaw, joint par nos soins.
D’après l’analyste politique, si on est dans une dynamique de paix, c’est cette logique-là qui doit prévaloir et cela ne peut que se passer dans le cadre des discussions, d’échanges, de dialogue entre les différentes parties.
«Le fait d’enlever les barrières semble être annonciateur d’un processus de paix qui pourrait être facilité par des intermédiaires et je pense que c’est une bonne voie de créer ces conditions afin que tous les acteurs puissent participer à une compétition électorale libre, transparente pour permettre à tous les citoyens de faire leur choix », dit-il. Pr Moussa Diaw est d’avis que cela doit être la vocation du président de la République pour quitter le pouvoir définitivement et laisser celui que les Sénégalais auront choisi à la tête de l’Etat.
En outre, Pr Diaw admet l’existence de la décision de justice, mais laisse, néanmoins, voir les motivations politiques dans ce dossier et comment la justice a été mise dans des conditions de connivence avec l’exécutif. «Je pense que maintenant, on essaie de réparer toutes ces erreurs-là, des erreurs de gouvernance politique», croit-il savoir.
Selon lui, il semble important dans le contexte actuel de trouver les moyens pour faire en sorte que la paix s’instaure, que la confiance puisse revenir dans des rapports entre les différents acteurs.
Tout le sens que l’analyste politique donne à la levée des barrières chez Sonko. Il pense d’ailleurs qu’à partir de maintenant, on verra clairement quels sont les acteurs qui interviennent dans une forme de médiation parce qu’il en faut. Dans une situation de crise, estime-t-il, il faut toujours chercher des moyens de régler les questions afin de préserver la stabilité du pays.
«Emprisonner Sonko, c’est jeter de l’huile sur le feu», craint Mamadou Sy Albert, analyste politique
Tout comme l’Enseignant chercheur en science politique, le journaliste Mamadou Sy Albert, soutient que cette levée des barrières chez Sonko s’inscrit dans la perspective d’un élargissement. «Le gouvernement lui-même justifie la mesure par l’absence de menace visible à la paix et à la sécurité et que même le Pastef joue l’apaisement, je ne pense pas qu’il soit question de l’emprisonner», déclare-til, au bout du fil. Egalement analyste-politique, le journaliste pense que «l’emprisonner, c’est jeter de l’huile sur le feu».
Dans l’hypothèse qu’on l’emmènerait en prison, dit-il, «ce ne serait pas compréhensif qu’on lève des barrières» parce que, ajoute-t-il, «c’était la meilleure façon de soulever et de faire réussir des soulèvements populaires». Pour lui, il faut craindre pour le Sénégal si jamais, on donnait une telle suite à cette levée du blocus chez le leader de Pastef.
«Là, il y aura encore plus de raisons qu’il y ait une révolte, c’est provoquer même la fureur des Sénégalais», prévient Mamadou Sy Albert. A l’en croire, ceux qui soutiennent la perspective d’emprisonnement de Sonko font dans la manipulation de l’opinion qui ne dit pas son nom ou alors tentent de donner une explication à la levée des barrières qui, malheureusement, constate-t-il, n’est pas cohérente dans le contexte actuel où les esprits sont marqués par l’appel présidentiel à la paix et à la stabilité nationale.
Vox populi