Faut-Il Reformer Le Conseil Économique, Social Et Environnemental ? Par Ibrahima Nour Eddine Diagne

Les nombreuses urgences sur la table du gouvernement et l’impératif de réussir rapidement est un défi colossal.

 

Pour développer un pays, il faut d’abord des lois modernes, conformes à l’ambition de voir éclore l’amorcage d’une émergence irréversible.

 

Il faut aussi des instruments très avancés pour introniser la bonne gouvernance comme la seule option de gouvernance (excuser la répétition).

 

Il faut également initier beaucoup de financements innovants avec du partenariat PPP, version locale dans tous les secteurs,  avec des règles uniformes, une transparence de mise,  des contrats qui doivent être accessibles à tous les citoyens (version publique) et enfin la possibilité pour les usagers d’évaluer chaque année le service pour une amélioration permanente.

 

Vient ensuite le dispositif de monitoring avec des indicateurs cibles de performance.  Des objectifs limités mais explicites, une petite quantité d’indicateurs facilement mesurables chaque trimestre et des mesures correctives opératoires, d’applications rapides. Il ne faut  accepter que le résultat et refuser les explications.

 

Le reste pourrait sembler simple mais c’est peut-être le plus compliqué.

 

Le gouvernement est théoriquement une instance de conception, de pilotage et d’évaluation.  Les corps de contrôle actuels et à venir ont (auront) un rôle pour surveiller les indicateurs et alerter.

 

La difficulté, c’est qu’il y a de très gros sujets très importants qui vont, au fil des urgences, être relativisés,  voir abandonnés.

 

L’écoute des nombreuses attentes des citoyens, des entreprises et de la société civile, m’invite à penser que le CSE  pourrait être une solution en agissant comme un bureau d’études pour le gouvernement en se  reformant.

 

Sans connaître son statut,  je pense qu’ on ne l’a pas assez senti depuis la fameuse réforme sur la journée continue.

 

Cette institution peut portée les sujets suivants pour le compte du gouvernement :

  1. La Prospective : Le Sénégal de dans 100 ans, avec 100 millions d’habitants doit être réfléchi maintenant pour prévoir ce qui va avec.
  2. .La Refondation : il faut être armé institutionnellement , juridiquement et societalement pour affronter les défis présents et futurs tout en restant sur le socle des valeurs de notre société et notre culture.
  3. La Réflexion Stratégique sur les différents enjeux et la publication semestrielles de recommandations.

 

  1. Le Dialogue: Le CSE doit être l’organisateur et le professionnel des dialogues sociaux, économiques et environnementaux sur toutes les questions critiques nécessitant des réformes en profondeur.

 

Ces fonctions sont sans doute remplies sur le papier par le CSE, mais l’hyper-présidenlisation des 24 dernières années et la politisation extrême de toute l’administration  ainsi que de toutes les institutions ont fantomisé cette institution et affaibli sa place dans la construction nationale.

 

Pour donner une nouvelle impulsion à cette institution,  il me semble nécessaire de lui apporter un lifting avec les éléments suivants :

  1. Ne plus la positionner comme une institution indépendante dont les recommandations ont plutôt tendance à enrichir les salles d archives. Le CSE devrait donc  être rattaché soit au gouvernement dans le cabinet du PM, soit au parlement (celui qui autorise et contrôle). Ainsi,  les recommandations du CSE seront nécessairement consommés par le gouvernement.

 

2.Le CSE réformé devrait comprendre 3 chambres:

– la chambre des représentations: Elle est constituée des représentants des acteurs suivants: patronnat, jeunes, femmes, syndicats , société civile, religieux, retraités, les acteurs culturels et sportifs, les médias,  … Cette chambre qui est la délibérante, est la garante du dialogue et des consensus.

– la chambre des experts: Ici le CSE conçoit des solutions soit à la demande du gouvernement soit sur initiatives propres.  Elle est composée d’experts bénévoles spécialistes des domaines couverts par le CSE. Elle réfléchit sur toutes les questions économiques, sociales et environnementales. Le gouvernement valide ses travaux (avec ou sans amendements) et les soumets de nouveau à l’institution pour que la chambre des représentations organisent le dialogue pour faire obtenir des consensus forts et parvenir à des recommandations que le gouvernement s’obligera à mettre en œuvre.

– La chambre Prospectives: il s’agit toujours d’experts avec au moins 2/3 d’universitaires. Les sujets qu’elle traite s’articulent autour des 6 pôle suivants : l’économique, le social,  le sociétal, la géostratégie, l’intégration africaine, le défi écologique ). Ces membres sont bénévoles et disposent d’une task force pour mettre en forme et opérationnaliser les conclusions des travaux de cette chambre en les présentant sous forme de notes prospectives.

L’adoption de ses travaux suis même circuit que pour la chambre des experts.  Ici par contre, il faut un répondant au niveau du gouvernement. Il faut au minimum un vice premier ministre en charge de la prospective qui peut convoquer les ministres et les DG d’organisation.  Si l’option vice pm n’est pas envisageable,  il faudrait alors une cellule réforme et prospective à la présidence, dirigée par un directeur executive qui peut être invité au conseil des ministres à chaque fois que nessessaire.

 

Ibrahima Nour Eddine Diagne

Dakar le 10 mais 2024

Dieyna SENE
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