Infos hebdomadaires de Transparency International : Corruption, une autre brique dans le (Grand Mur Vert)

Alors que certaines régions du monde disent adieu à l’été le plus chaud (à ce jour), la crise climatique est là pour rester…

Cette semaine avait lieu la Semaine africaine du climat, l’une des quatre semaines régionales sur le climat précédant la 28e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP28) et la conclusion du premier bilan mondial. En parallèle, le Sommet africain sur le climat à Nairobi, au Kenya, a réuni les pays africains pour développer une approche unifiée des stratégies d’atténuation et d’adaptation au climat dans la sphère internationale.

Le sommet était une occasion bien méritée de rassembler les dirigeants africains pour discuter des solutions climatiques permettant d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et d’exiger que les pays du Nord assument la responsabilité de leur contribution aux dommages dans cette région, avec un accent particulier sur les émissions de carbone.

Même si c’est une victoire que d’avoir la voix des dirigeants africains dans le dialogue mondial sur la crise climatique, il est crucial que ces politiques donnent également la priorité à l’inclusivité et soient ancrées dans les expériences de ceux qui sont les plus directement touchés par le changement climatique, notamment les femmes, les communautés autochtones et les jeunes. . La Déclaration de Nairobi adoptée souligne la nécessité d’une action collective pour rendre les projets climatiques plus forts et plus efficaces, de la conception à la mise en œuvre. Et sur ce point, nous sommes entièrement d’accord.

La déclaration appelle également les dirigeants du monde à se rallier à une taxe mondiale sur le carbone, y compris les combustibles fossiles, et à réformer l’architecture financière internationale injuste qui oblige les pays africains à payer davantage pour emprunter de l’argent. Cependant, ce qui manque, c’est l’importance de garantir la transparence et la responsabilité, ainsi que le rôle crucial des groupes non gouvernementaux, en particulier de la société civile et des communautés autochtones. Ceci est particulièrement important si l’on considère que rien qu’au cours du sommet, les gouvernements et les investisseurs privés ont engagé des milliards de dollars dans des initiatives vertes, y compris une promesse de 4,5 milliards de dollars des Émirats arabes unis (EAU).

On estime qu’entre 1,4 et 35 pour cent des fonds d’action climatique ont été perdus à cause de la corruption. La réalité est la suivante : de nombreux pays qui reçoivent des financements climatiques ont des niveaux élevés de corruption.

 

Lors de la conférence COP26, le « Partenariat pour une transition énergétique juste » (JETP) – un nouveau modèle financier visant à garantir qu’aucun pays ne soit laissé de côté lors du passage du charbon aux énergies propres – a été dévoilé. Bien que ce partenariat soit important, les développements initiaux autour du JETP ont manqué de transparence et de mécanismes de responsabilisation, laissant les fonds vulnérables à la corruption. Nous saluons l’annonce récente d’un nouveau JETP pour le Sénégal et espérons qu’il pourra être aussi ouvert et inclusif que possible.

De plus, l’un des projets climatiques les plus ambitieux à ce jour en Afrique, l’Initiative de la Grande Muraille Verte (GGWI), a connu des défis critiques en matière de mise en œuvre et de coordination, malgré son engagement en faveur de la bonne gouvernance. Lancé en 2007 par l’Union africaine, ce mur est un bouclier vert – s’étendant à plus de 30 pays – pour préserver les terres agricoles fertiles et renforcer la résilience climatique dans la zone située au sud du Sahara. Pour garantir le succès de l’initiative, davantage de transparence, de responsabilité et une participation accrue de la société civile sont nécessaires.

Mais les problèmes de transparence dans le financement climatique vont bien au-delà de la GGWI. Avec l’aggravation de la crise climatique, une immense pression s’exerce pour disperser les fonds climatiques le plus rapidement possible, ce qui peut conduire les décideurs à contourner les règles. Les projets climatiques sont également très récents et souvent assez techniques, ce qui entraîne un manque général de responsabilité. Pour garantir que les investissements liés au climat dans le monde atteignent leur destination prévue et soient utilisés à la fois de manière efficace et inclusive, les initiatives climatiques nécessitent une transparence et une responsabilité accrues, et des garanties anti-corruption et des mécanismes de surveillance doivent être développés.

La clé pour lutter contre la corruption dans les initiatives climatiques est d’accroître le dialogue et la coopération entre les différentes parties prenantes, permettant ainsi aux personnes et aux organisations de s’engager dans les efforts climatiques et de se rapprocher de celles des mouvements anti-corruption. La crise climatique et la corruption ne sont pas une plaisanterie ; c’est une question de vie ou de mort. En les abordant ensemble, nous ne sauvons pas seulement la planète : nous préservons notre avenir.

Mamadou Nancy Fall
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