Infos hebdomadaires de Transparency International : L’alarme de l’UE sur la corruption est-elle toujours en veille ?

Un nouveau scandale de corruption éclate à Bruxelles, mettant en lumière les failles inquiétantes des normes d’intégrité de l’UE. Le parquet belge a inculpé huit individus pour corruption, blanchiment d’argent et participation à une organisation criminelle, à la suite de perquisitions menées en Belgique, au Portugal et au Parlement européen à Strasbourg. L’affaire porte sur des tentatives secrètes visant à influencer les décisions parlementaires en faveur du géant technologique chinois Huawei.

Mais le problème ne se limite pas à Huawei. Il s’agit de la facilité avec laquelle les puissances étrangères – qu’il s’agisse de gouvernements ou d’entreprises – peuvent infiltrer les processus décisionnels de l’UE. Et cette vulnérabilité persiste car les décideurs européens ont laissé le système d’intégrité du bloc faible et inefficace.

Le scandale de 2022, connu sous le nom de Qatargate, aurait dû sonner l’alarme, lorsque la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, et d’autres personnes ont été arrêtées pour corruption impliquant d’importantes sommes d’argent. Ce dernier scandale a un parfum étrangement familier : influences troubles et institutions vulnérables. Il soulève la même question : combien de scandales encore faudra-t-il avant que les décideurs européens ne prennent au sérieux la prévention de la corruption ?

Transparency International tire la sonnette d’alarme depuis des années : l’Europe souffre de régimes éthiques faibles, de règles de lobbying truffées de lacunes et d’un manque de rigueur dans l’application de la loi. La question n’était plus de savoir si le prochain scandale de corruption éclaterait, mais quand .

Transparency International (UE) réclame depuis longtemps des mécanismes de responsabilisation plus robustes , mais leur absence continue d’encourager de nouveaux abus. Ce dernier scandale souligne l’urgence de mettre en place des mesures anticorruption robustes, et l’UE a aujourd’hui une rare opportunité de contribuer à briser ce cycle.

Une proposition de directive européenne anticorruption, actuellement négociée par les trois principales institutions de l’UE , vise à établir des normes minimales pour définir et sanctionner la corruption dans l’ensemble de l’Union. Transparency International demande que des mesures rigoureuses de prévention de la corruption soient incluses dans la directive finale, notamment la publication proactive des réunions de lobbying, la mise en place d’une législation et de règles adéquates encadrant le pantouflage et les activités de lobbying indirect.

Nous espérons que la position ambitieuse du Parlement lors des négociations, qui intègre plusieurs de nos recommandations , servira de base à la directive finale. Dans le cas contraire, une loi faible constituerait une occasion manquée cruciale de renforcer les normes anticorruption des deux blocs.

Pendant ce temps, la mise en place du nouvel organe européen d’éthique – un organisme de surveillance chargé de surveiller le lobbying, les conflits d’intérêts et les manquements à l’éthique dans l’ensemble des institutions européennes – est au point mort. Le groupe PPE de centre-droit, le plus important groupe politique au Parlement européen, bloque les prochaines étapes. Malgré un large soutien et des scandales répétés, il continue de résister à toute obligation de rendre des comptes, même élémentaire. Après le Qatargate et maintenant Huawei, tout retard est indéfendable et Transparency International EU fait pression pour que cette initiative ne soit pas enterrée en catimini.

Le scandale Huawei nous rappelle brutalement que, sans action concrète et sans volonté politique inébranlable, les aspirations de l’UE en matière de lutte contre la corruption risquent de ne pas se concrétiser, laissant ses institutions vulnérables.

Nouvelles allégations de corruption au Parlement européen : Transparency International : la réponse de l’UE

Nicholas Aiossa, directeur de Transparency International UE, a déclaré : « Ces nouvelles allégations sont aussi graves et généralisées que le Qatargate et bafouent la démocratie au Parlement européen. Depuis trop longtemps, les députés européens adoptent une approche insouciante de l’éthique et continuent de vivre dans une culture d’impunité. Si les députés européens veulent protéger l’intégrité du Parlement, ils doivent mettre en œuvre une réforme éthique rapide, vaste et substantielle.

Nouvelles données, accès accru des entreprises ? Le rapport d’Integrity Watch sur l’UE révèle que la Commission laisse la société civile dans l’ignorance

Integrity Watch EU a bénéficié d’une mise à jour majeure cette semaine. La plateforme offre un accès convivial aux données sur les activités de lobbying et les intérêts financiers de l’UE depuis 2014. Cette nouvelle version améliore non seulement l’expérience utilisateur globale, mais propose également, pour la première fois, des mises à jour quotidiennes automatiques pour la quasi-totalité des outils disponibles. L’intégration des réunions de lobbying de la Commission avec les cadres dirigeants constitue une nouveauté majeure, offrant ainsi un aperçu plus approfondi de la dynamique de lobbying des près de 13 000 organisations enregistrées à Bruxelles

L’avenir de la lutte contre la corruption dans l’UE est incertain

lors que certains pays de l’Union européenne obtiennent régulièrement de bons résultats sur l’Indice de perception de la corruption (IPC), les derniers résultats montrent une baisse de la moyenne de la région pour la deuxième année consécutive.

L’UE a une chance de réaliser de réels progrès contre la corruption dans l’ensemble du bloc grâce à une nouvelle directive, mais seulement si le Conseil européen se rallie à la position du Parlement

IPC 2024 pour l’Europe occidentale et l’UE : les efforts creux des dirigeants entraînent une aggravation des niveaux de corruption ces temps fragiles, la capacité de l’Europe à lutter contre la corruption est insuffisante, ce qui entrave la réponse du bloc aux défis allant de la crise climatique à l’érosion de l’État de droit et à la surcharge des services publics

Michel DIEYE

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