En Ukraine, la lutte se poursuit sur deux fronts : sur le champ de bataille contre la Russie et dans le secteur public contre la corruption.
Plus tôt cette semaine, les gouvernements suisse et ukrainien ont convoqué une conférence de haut niveau pour discuter de la reconstruction et du redressement du pays dans la ville suisse de Lugano. Selon le plan présenté par le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal, une reprise sur dix ans coûtera au moins 750 milliards de dollars.
Aucun argent ne pourrait soulager la douleur des vies perdues ou bouleversées. Mais les fonds sont essentiels pour reconstruire et réformer l’Ukraine, compte tenu des dégâts dévastateurs causés par l’invasion russe.
Les dirigeants de 35 pays ont déclaré qu’ils soutiendraient l’Ukraine dans ce processus de reprise coûteux. Pendant tout ce temps, la « transparence » et la « responsabilité » ont été soulignées dans les discours tout au long de l’événement presque aussi souvent que la « reconstruction » et le « soutien », ont observé nos collègues ukrainiens présents.
Les efforts de lutte contre la corruption en Ukraine ont parcouru un long chemin, comme en témoigne la progression régulière mais lente du pays dans notre indice de perception de la corruption au cours de la dernière décennie. La plupart de ces progrès ont eu lieu dans les années qui ont suivi la Révolution de la dignité de 2014, qui a vu l’éviction de l’ancien président corrompu Viktor Ianoukovitch. La plateforme en ligne primée ProZorro.Sale pour les appels d’offres gouvernementaux – co-créée par nos propres collègues ukrainiens – est un excellent exemple des réalisations récentes.
Pourtant, les défenses anti-corruption actuelles du pays ne sont pas suffisamment solides pour garantir la bonne gestion des fonds de reconstruction, comme l’ont souligné conjointement Transparency International Ukraine et l’Institut de Bâle sur la gouvernance à but non lucratif basé en Suisse avant la conférence de Lugano. Leurs recommandations mettent l’accent, entre autres priorités, sur la nécessité urgente d’achever le processus de sélection des dirigeants et sur les réformes en cours des organes ukrainiens de lutte contre la corruption.
Nos collègues se sont donc réjouis lorsque la déclaration des dirigeants adoptée à la fin de la conférence a inclus la transparence, la responsabilité et l’État de droit parmi les sept principes du processus de redressement de l’Ukraine. Ils font équipe avec d’autres organisations nationales et internationales ainsi qu’avec des agences gouvernementales ukrainiennes dans le cadre de la coalition RISE Ukraine pour ne pas laisser la corruption faire dérailler la voie de l’Ukraine vers une reprise durable.
Parce qu’un échec signifierait la destruction de l’Ukraine non pas une mais deux fois, et cela ne peut se produire.