L’eau polluée au Sénégal Oriental : Le Pr Ibrahima Mall, enseignant-chercheur alerte sur la présence de mercure au-delà des normes de potabilité

L’utilisation de produits prohibés dans les sites d’orpaillages affecte les eaux du Sénégal Oriental. Une situation qui pousse les populations, la faune et la forêt à se retrouver avec un taux de mercure au-delà de la norme et rend l’eau non potable pour toute consommation. Ce qui a fait l’objet d’un débat lors des séances académiques par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) dans un hôtel de la place ce mercredi à Dakar.

Un exposé du Pr Ibrahima Mall, enseignant-chercheur à l’Université Amadou Mah­tar Mbow sur «Impact de l’exploitation minière sur la qualité de l’eau au Sénégal oriental» a démontré le danger qu’encourent les populations. Le Pr Mall, lauréat du prix de la Thèse Ansts 2020, a soulevé hier, les méfaits de l’utilisation de certains produits nocifs à la santé et à la biodiversité, lors de séance académique tenue à Dakar.

Selon le Pr Mall, «l’objet de l’exposition c’était de relater la question de qualité de l’eau liée à l’activité minière. On a un peu développé l’activité minière du point de vue industriel et artisanal. L’orpaillage reste, du coup, une grande problématique au niveau de la zone parce qu’il y a un afflux massif d’orpailleurs qui, souvent, utilisent des produits non réglementaires surtout le mercure dont même l’utilisation est prohibée. Car, le Sénégal est signataire de la convention de Minamata».

De l’avis du Pr Ibrahima Mall, «ces produits qui sont utilisés et même l’activité, en tant que telle, peuvent avoir des répercussions sur la qualité des ressources en eau, aussi bien les eaux de surface que celles souterraines. Et ce qui a motivé cette étude, c’était de voir vraiment la qualité de l’eau au niveau de ces sites d’exploitation. Et ce qu’elle a révélé globalement, dans les sites d’orpaillages pour l’essentiel des eaux échantillonnées, les teneurs en mercure étaient au-delà des normes de potabilité. Ce qui a comme conséquence directe des risques sanitaires sur tout ce qui y vit (animal comme végétal)», prévient l’universitaire.

«L’eau qui quitte  Kédougou, c’est la même qui arrive au  Lac de Guiers. Donc, c’est une question de sécurité nationale»

Par rapport aux recommandations, il a appelé l’Etat à réorganiser le secteur. Selon lui, cela s’impose. «Il y a de l’anarchie». Il en a profité pour proposer des stratégies qui, à ses yeux, «permettent une amélioration des méthodes de traitement de l’or.

Parce que c’est une activité économique qu’on ne peut pas abandonner, puisque les populations s’adonnent à cette activité pour gagner de l’argent». Maintenant, comment substituer ces produits ou bien chercher des alternatives pour une exploitation durable ?, s’est-il interrogé avant d’ajouter que «c’est important de préserver aussi les ressources naturelles telles que l’eau dont nous dépendons tous».

A en croire l’enseignant-chercheur à l’Université Amadou Mahtar Mbow, l’eau contaminée entraîne des conséquences désastreuses. «Si l’eau est contaminée, toute la chaîne alimentaire risque d’être contaminée. Ce n’est pas parce que ça ne nous concerne pas directement, que c’est à Kédougou. Si vous regardez bien, l’eau qui quitte Kédougou, c’est la même qui arrive au Lac de Guiers. Donc, c’est une question de sécurité nationale, aussi de santé publique. Il faut veiller à la préservation de ces hydro-systèmes» c’est-à-dire tout ce qui vit dans l’eau, sédiments, vie aquatique.

Vox populi

Dieyna SENE
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