Les exigences de la maturité

«Il y’a la vie des autres, sa vie…et la vie !», me confie un ami. En vérité, l’enfant vit en n’ayant d’yeux que pour les autres. Le jeune, lui, se focalise plutôt sur sa vie, et la personne plus âgée sur la vie en général. Et si l’on méditait un peu sur une telle approche ?

Observer un enfant, c’est surtout faire face à un être qui ne s’intéresse de près qu’à ce que font les personnes âgées qu’il prend pour héros. Ce qui s’avère normal d’autant plus que la perception de soi n’est pas assez développée à cette étape de la vie. Il n’y a que la jeunesse qui demeure un moment où il est essentiel de se tourner vers soi, de renoncer aux enfantillages pour se consacrer enfin à sa maturité.

Qui dit maturité dit un certain sens de perception de sa vie et ceci sur tous les plans. Là, un artiste rappeur suggère d’ôter ses lunettes roses afin de mieux voir la vie, c’est à dire de découvrir ce qu’est la vraie vie, loin des rêves de gamins et autres caprices de jeunes filles immatures.

Et il y’a les personnes plus âgées qui, elles, méditent plutôt sur la vie elle-même. Le vieux assis sur son fauteuil et lisant son journal semble parfois être atteint par les vicissitudes du temps. Il n’en sait plus qu’il ne faut, et négocie là où il râlait avant, accable son entourage de leçons de vie à défaut de crier comme un forcené…

Pourquoi mettre l’accent sur ses différentes étapes de la vie ? C’est sûrement la meilleure façon de comprendre ce qui ne va pas chez certains. Prenons le cas de la personne qui ne cesse de jeter un regard sur la vie des autres, de les juger, de critiquer, de râler à l’image du «spectre hitlérien»… n’est-il pas temps que la psychologie et le coaching se penchent sur de telles incohérences ?

Grandir est une obligation, mais mûrir est un choix. Le choix de ne plus se laisser emporter par des enfantillages encore moins par la veulerie des gens. Il est si simple et pourtant si difficile pour le sénégalais de se focaliser sur sa propre vie et de cesser de vouloir s’immiscer dans ce que font les autres.

Anta ne cesse de traiter-sur son dos bien sûr- Adja, la femme du voisin, de mauvaise épouse, oubliant que sa fille, Ngone, est loin d’être une femme exemplaire et que sa belle-famille ne sait que faire d’elle.

Mère Nafi trouve que la jeune Aida, sa nièce, n’a aucune attention à son égard parce qu’elle ne reçoit jamais ses appels téléphoniques alors que sa propre fille, Yande, n’a même pas le numéro de téléphone de la mère d’Aida. Issa, lui, en jeune prêcheur en herbe avide d’un islam pur et dur, se dit que les autres jeunes du coin croupiront sûrement sous le joug des brasiers de l’enfer, ignorant que c’est la grâce du très haut qui a fait d’une pros­tituée décriée une grande soufie, plus tard, à l’image de Rabiyatal Adawiyya.

Le Christ avait raison de dire : «Que ceux qui n’ont jamais commis de pêché s’acharnent sur cette femme accusée l’adultère ! » Personne n’osa s’en prendre à elle, parce qu’étant sûr d’avoir «pêché» un jour où l’autre.

Il n’y a de pire folie que le fait de vouloir tout le temps s’attarder sur les autres, leurs vices, leurs défauts, au point de s’oublier… Même la personne qui vous rend souvent visite tous les matins, considérée comme ouverte et soucieuse des autres, le fait parfois pour ne rien manquer de ce qui se passe chez vous.

J’ai échangé, il y’a quelques jours, avec une personne qui ne cessait de me citer les coins où se font les actes les plus ignobles à Dakar et ce qui s’y passe-prostitution, consommation de drogue, etc-. Je me suis tu durant tout son discours, parce que j’aurai préféré qu’il me parle des plus beaux endroits, là où retentissent les khas­saides des mourides et autres xilass des disciples tidianes, ou encore des centres de recherche et autres lieux où la culture règne en maître…mais c’est mal connaître un sénégalais que de vouloir parfois lui imposer un dialogue constructif.

«La conscience du sénégalais est à l’image d’une terre que ne rebute aucune semence», disait un penseur de ce pays de Cheikh Anta Diop et du défunt président poète («xelou sénégalais souf sou nangu­oula, loosi dji mou sakh»).

Maam Cheikh, Coach en développement personnel,

cheikhahmad2@gmail.com

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