Derrière l’anecdote du téléphone découvert chez un élève ayant causé son expulsion du centre d’examen se cache un véritable problème holistique d’éducation avec l’internet et l’IA. Les technologies et l’IA posent non seulement la question de la fonction érotique de l’éducation (désir d’apprendre) mais surtout celle de la nécessité même d’apprendre notamment dans le cadre du système actuel d’évaluation centré plus sur des connaissances (domaine cognitif) que sur des compétences (domaine cognitif mais aussi psychomoteur et socio-affectif .
Or, en ce qui concerne les connaissances il suffit de poser la question à ChatGPT, un outil populaire et démocratique pour obtenir des réponses qui vont au delà de celles données par le maitre !
L’outil est d’une performance extraordinaire et il poursuit son progrès car il s’auto-enseigne !
Il faut donc revoir le paradigme de l’évaluation. C’est comme pour la machine à calculer, jadis proscrite et aujourd’hui admise.
D’ailleurs cette question se pose toute l’année à l’école, à présent. Entre les enseignants et les enfants tous les jours c’est la bagarre à cause de ChatGPT et Google.
Certains enseignants sont obligés de se doter d’un logiciel de repérage de la triche pour corriger les copies.
En revanche, puisque la connaissance est démocratisée il faut repenser les curricula et les condenser sur des compétences clés et évaluer celles-ci, plutôt que des savoirs à la portée de tous. Autrement dit permettre aux enfants de passer des examens avec tous les outils disponibles (bouquins, téléphones avec internet, etc.) pour « Résoudre Des Problèmes Concrets » à savoir une « situation d’évaluation constituée d’obstacles à franchir sans possibilités de tricher » à laquelle l’enseignant aura entraîné l’apprenant, que l’élève aura appris à apprehender tout seul ou en binôme, ou en groupe.
Ainsi lors de l’examen final, BEPC, BAC, etc., la démocratisation du cognitif sera consacrée pour tous mais encore faudra-t-il avoir appris à s’en servir pour résoudre un problème concret grâce à des compétences auto-construites, comme le fait la machine ChatGPT !
Cela demande de repenser le système en s’orientant vers une éducation transformatrice capable de développer l’esprit critique, l’apprentissage de l’analyse des enjeux économiques, sociaux, environnementaux, culturels à l’ordre du jour, la créativité, favoriser l’autonomie de l’élève dans la prise de décision à travers l’apprentissage par des projets d’action éducative avec les enseignants, les pouvoirs publics, la communauté, etc.
Transformer l’éducation oui mais aussi son évaluation !
L’exigence de réforme et de modernisation est largement mise en exergue dans les travaux des assises de la justice. Cela conforte notre souhait d’adapter notre cadre juridique en corrigeant ses imperfections et ses lacunes.
A ce titre, les réformes sur le Conseil supérieur de la magistrature, l’ouverture des professions libérales, la mise aux normes des lieux de détention, l’africanisation des symboles de la justice, l’encadrement des pratiques illégales comme le retour de parquet, la refonte du Code pénal et du Code de procédure pénale afin d’en extraire les dispositions abusives et arbitraires seront au cœur de mes préoccupations.
Entre autres réformes, l’administration pénitentiaire fera l’objet d’une attention particulière à travers l’amélioration des conditions de détention et la restauration de la dignité des détenus.
Les interrogations et les propositions apportées sur les imaginaires, les valeurs et la perception de la justice seront à même de guider les prochaines mutations pour mieux arrimer le service public de la justice aux normes culturelles africaines.
Ces réformes proposées, bien que pertinentes, ne sauraient à elles seules apportées les changements en profondeur ou encore les ruptures qui donneront de nouvelles perspectives à notre Justice.
C’est le lieu de saluer les propositions de modernisation qui vont dans le sens de la transformation digitale avec la dématérialisation et la numérisation pour anticiper sur les besoins futurs par une bonne appropriation de l’intelligence artificielle.
La rupture sera également opérée par la création de nouvelles institutions comme la haute autorité de la justice, la Cour constitutionnelle ainsi que l’instauration d’un juge des libertés et de la détention.
L’heure des transformations systémiques de notre justice a sonné. Il est impératif de donner un contenu clair à ces différentes propositions afin de rétablir la relation de confiance et de respect mutuels entre la justice et les justiciables.
©️ Bassirou Diomaye Faye
Par Boubacar Tall