Liste des organes de presse reconnus : «Un affront orchestré et perpétré par le ministère, sous revanche et haine», Maïmouna Ndour Faye

La liste provisoire des groupes de presse dits «conformes au Code de la presse» par l’Etat du Sénégal a été rendue publique hier, par le ministre en charge de la Communication Alioune Sall a révélé que quasiment seul un organe sur 4 est passé entre les mailles du filet.

«On ne peut pas entrer dans une corporation, y trouver des entités qui travaillent là-bas et choisir qui est votre interlocuteur et qui ne l’est pas. Je pense que Mamadou Ibra Kane a déjà dit que l’arrêté pour cette histoire d’enregistrement des médias dans cette plateforme sera attaqué. Et toutes les voies légales seront utilisées. Et nous espérons que la Cour suprême l’invalidera car c’est un abus de pouvoir», a déclaré la patronne de la 7tv.

Son organe recalé, par la tutelle sans en donner les raisons, elle s’en est insurgée et a contesté formellement la validité de cette liste de médias reconnus. «Tu donnes un délai de 72h, et jusqu’à présent, tu n’as pas parlé de la non-conformité. C’est ce qu’on a soupçonné depuis le début. C’est ce qui est en train de passer. Ils sont en train de faire une tentative de sélection. Leurs caisses de résonance peuvent exister mais des médias sérieux au service des Sénégalais et de la démocratie, ils veulent les rayer de la carte. Ça ne se passera pas comme ça. Qui peut dire que j’exerce illégalement un métier dans ce pays ? Qui peut dire que les médias que vous avez fréquentés que vous avez utilisés dans votre quête du pouvoir, ces médias-là n’existent pas ? J’aurais bien aimé que celui que j’ai saisi me donne les raisons. On ne nous a toujours pas donné les raisons. Ceux qui ont été visé puis écarter de la liste, demandez-vous pourquoi ces médias sont visés. Nous ne sommes pas des caisses de résonance pour qui que ce soit. Nous avons subi beaucoup de désagréments, quand ils étaient à la quête du pouvoir», a-t-elle tenté de faire savoir.

Pour elle, l’acte posé par le ministre n’a pas de sens. «Ça n’a aucun sens. Ce qu’ils veulent, nous le savons c’est de garder les médias qu’ils veulent et ceux que vous n’aimez pas n’existeront plus. Je m’y attendais. Au commencement, pour nous étouffer, ils sont passés par la fiscalité, mais on a tenu. Par une simple note du Premier ministre, ils ont annulé tous les contrats et conventions signées, gelé tous les paiements des créances dues aux médias. Les gens ont supporté, on a tenu. L’étape ultime, c’est que c’est un ministre qui va décider, dans une profession libérale, de qui est média ou pas», dit-elle pour s’en indigner.

MNF estime qu’il manque de sérieux dans la sélection des organes retenus. «Jetez un œil sur la liste. Il y en a qui ne sont pas médias. Ce sont des tribunes qui sont au service d’un parti politique pour faire leur communication et attaquer leurs adversaires. Je l’ai dit et je le répète, ici au Sénégal, tout est un combat. Ils étaient où ? N’est-ce pas qu’on avait dissous leur parti dans l’opposition, ils se sont armés de foi. Ils se sont battus. Ils ont été récompensés pour leur combat. Cette foi qui les a habitées qu’ils soient conscients que c’est cette même foi qui nous habite. Elle reste inébranlable», a-t-elle dit.

A l’en croire, elle n’est pas contre une régulation du secteur. «Nous ne pouvons pas être contre la régulation du secteur. Ce secteur a besoin de régulation. Mais encore une fois, nous avons opté pour une vie de combat. C’est un combat qui va être mené. Advienne que pourra, parce qu’il est question de la passion des gens. (…) Personne ne peut m’empêcher d’être de cet espace médiatique sénégalais. Je le dis à haute et intelligible voix, ce n’est pas de la défiance, c’est ma conviction. Cette décision sera attaquée pour abus de pouvoir. Mais le vrai combat, c’est le combat pour la démocratie et la liberté de la presse», a-t-elle indiqué.

Selon elle, «on nous disait que la liberté de la presse n’était pas menacée parce qu’il n’y avait pas de journaliste arrêté. La liberté de la presse est menacée par des violences verbales et physiques qui prennent pour cible certains journalistes et certains médias. On peut parler de menacer la liberté de la presse quand une entité de presse travaille et que face à elle se dresse une structure qui engage une communication et une propagande pour justifier le fait de leur avoir privé de publicité venant de l’Etat».

De l’avis de MNF, la tutelle n’a pas encore dit son dernier mot. «Déjà, ils ont commencé à activer leurs caisses de résonnance. Ils veulent déstabiliser les gens, jeter l’opprobre sur eux en sortant une liste provisoire et en leur disant qu’ils ont 72h pour se conformer. Alioune Sall était en France lorsqu’on créait nos entreprises de presse. Ce n’est pas un Alioune Sall qui va décider que moi Maï­mouna NdourFaye ou les journalistes de D-médias, ou de Le Quotidien n’avons pas le droit d’exercer. Je le renvoie à leur détermination. Qu’il sache que s’ils ont été armés d’une détermination pour engager ce combat qui les a conduits au Palais, nous sommes aujourd’hui encore plus déterminés qu’eux.

A l’en croire, «il devrait avoir honte qu’on parle de suppression d’organes comme 7tv ou Sentv, sous sa gouvernance. Qu’est-ce qu’on nous reproche, de ne pas faire de la propagande, d’être équidistant, d’être neutre ? Un média doit être neutre. Au nom de quoi tu veux reprocher à un média sa neutralité ?», demande-t-elle.

Sa conviction est qu’«on est dans un nouvel ordre de la communication. Maintenant, Il faut être sur les plateaux et des agences de communication. Je ne suis une agence de communication pour personne. Et ma voix, personne ne peut l’éteindre jusqu’à l’extinction du soleil. Je vous le répète. Personne ne peut l’éteindre. Ce n’est pas par une simple note qu’on va nous rayer de la carte. Tous les jours, des gens qui n’ont pas le droit d’exercer ce métier sont dans des tribunes pour dire et faire ce qu’ils veulent, ils attaquent des hommes et des femmes, personne ne les a régulés», s’est-elle indignée.

Maïmouna Ndour Faye dit n’avoir aujourd’hui «qu’une seule conviction, c’est qu’il y a un agenda en train d’être dérouler, mais c’est peine perdue. Ils vont choisir les médias qui vont exister et qui vont parler. Ils vont choisir les journalistes qui vont exercer et qui vont parler. Toutes les voix discordantes, ils vont les faire taire. Mais c’est ne pas connaitre le Sénégal. On ne peut pas venir dénoncer des injustices. Et un jour, prenant tous les pouvoirs tu veuilles dérouler les pires injustices. Cela n’a pas de sens, il n’y a pas de conviction».

Pour N raisons, elle soutient «qu’on est dans un combat de corporation. Je peux faire mon travail et j’ai les moyens de mon combat. Cette affaire, c’est un affront orchestré et perpétré par le ministère de la Communication et ses hommes. Il y a un peu de revanche et de haine», a-t-elle dit.

«La tutelle a listé les entités qui l’accompagnent dans son action, mais en aucun moment, il n’a associé le patronat de presse. Ce ministre depuis qu’il est là tout ce qu’il dit ou fait c’est d’ignorer le patronat de presse. Il ne doit pas trop comprendre comment fonctionne une entreprise de presse. Il a entrepris son initiative sans associer le CDEPS. Il a associé des entités qui, nous on n’est pas contre la commission nationale de la carte de presse, le CORED, mais où est le CDEPS ? Où sont les entités de la CAP qui vous donnent les conclusions des Assises des médias ?», questionne-t-elle non sans mettre en garde le CORED.

Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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