Des associations du secteur de la pêche artisanale ont tenu une assemblée général ce week-end à Joal pour concocter un plan d’actions contre les usines de farine de poisson au Sénégal. En effet, les acteurs ont décidé d’accentuer la lutte contre ces usines. Car le constat est que la ressource est devenue rarissime à cause de la surexploitation.
«La présence des industriels qui mènent une concurrence déloyale au secteur artisanal a fini par mettre au chômage des milliers de personnes et de menacer la santé des populations qui habitent près des usines. La présence des usines de farine de poisson est un danger. D’abord les femmes transformatrices n’ont plus de produits pour faire leur travail. Le peu de ressources qu’il y a, ce sont les industriels qui l’achètent, laissant le secteur de la transformation bredouille», s’est désolé le secrétaire administratif du collectif «Taxawu Kayar», Mamadou Lèye.
Dans les villes côtières où la pêche reste la principale activité économique, les choses tournent au ralenti. A Joal par exemple, qui abrite les sites de transformation de poissons les plus grands de la région de Thiès, les femmes transformatrices sont dans la galère.
Les sites de Khelcom et Tanba, les plus grands de la ville, qui étaient à la fois des sites de transformation et de marché de poissons séchés pour la sous-région comme le Burkina et le Mali, n’existent presque plus.
«Devant les étals, ce sont quelques femmes habituées des lieux qu’on y trouve, nourrissant l’espoir qu’un jour, les sites renaîtront», explique Maty Ndao.
La présence des usines de farine de poisson n’a pas seulement anéanti l’économie du secteur de la pêche artisanale, elle met aussi en danger des vies humaines. Dans les zones où elles sont installées, les populations environnantes vivent le calvaire à cause de l’odeur nauséabonde qu’elles dégagent, entraînant des problèmes respiratoires.
D’ailleurs, il est interdit qu’une telle usine soit installée à moins de 500m des habitations. Mais cette réglementation n’est pas respectée et pire, l’odeur qu’elle dégage peut atteindre plus de 3 kilomètres. Dans le passé, la présence d’une usine de farine de poisson avait causé une manifestation violente des populations du village de Mballing (commune de Malicounda département de Mbour) ayant entraîné sa délocalisation dans la commune de Sandiara.
Les déchets produits par ces unités industrielles sont aussi nocifs que l’odeur qu’elles dégagent. C’est pourquoi l’association ADEPA vient en appoint aux associations des pêcheurs artisanaux et aux transformatrices pour corser le combat. Elle n’exclut pas de l’internationaliser si jamais elles n’obtiennent pas gain de cause. Pour résoudre ce problème, elles réclament l’arrêt des 9 usines. Les pêcheurs artisanaux et les transformatrices lancent un appel au ministre de la Pêche et des Infrastructures Maritimes et Portuaires, Fatou Diouf, afin qu’elle leur vienne en aide.
L’As