Momar Diongue, Analyste Politique : «Sonko a été lâché et trahi, il y a eu complicité passive pour certains politiques, active pour d’autres»

L’analyste politique, Momar Diongue a commenté la dissolution du PASTEF-Les Patriotes, décrété. Avant-hier. Dans son argumentaire, il a été virulent à l’endroit du président Macky Sall. «Macky Sall, en 12 ans de magistère, aura réussi à faire faire au Sénégal, un recul de 63 ans, si on se souvient, que la seule dissolution d’un parti politique avant celle de PASTEF, a eu lieu le 1er août 1960. Donc, voilà un recul de 63 ans. Macky Sall aussi aura réussi la prouesse en 12 ans de magistère, à éliminer, de la course à la présidentielle, trois principaux rivaux et à les emprisonner», a rappelé, l’analyste politique.

Selon lui, «en jouant le jeu des institutions, chaque fois, l’exécutif s’est appuyé sur le législatif et le judicaire en les instrumentalisant à des fins de règlements de comptes politiques». Avec l’emprisonnement de Ousmane Sonko, beaucoup de calculs politiques sont tombés à l’eau. «Maintenant ce qui se passe, c’est que Yewwi Askan Wi, il y a des leaders peut-être en embuscades, et peut-être qui croyaient qu’ils pourraient récupérer l’électorat de PASTEF au cas où Ous­mane Sonko serait éliminé».

Et vu la manière dont les choses se sont déroulées, il dit ne pas croire «que la dynamique Yewwi Askan Wi reste. L’erreur fatale de Yewwi Askan Wi a été de refuser, lorsque Macky Sall a tendu la main pour un dialogue, ils auraient dû se concerter pour y aller en entité, c’est-à-dire, designer des représentants. Même si Ousmane ne pouvait pas y aller, qu’ils désignent des représentants au dialogue même s’ils avaient reçu des invitations personnelles et individuelles réservées à chacun de leur parti. Ils auraient pu se concerter et désigner des représentants qui iraient, pour le compte de la coalition, prendre part à la discussion. Cela n’a pas été fait. Et depuis lors, Macky Sall a joué le jeu de la division pour parvenir à ses fins», a confié Momar Diongue.

«Sans la résistance  de Sonko, au plan politique, Macky Sall  aurait réussi depuis  très  longtemps à réduire l’opposition à sa plus simple expression»

Aujourd’hui, avec la dissolution du PASTEF dont Ousmane Sonko est la cheville ouvrière de cette coalition, l’analyste politique qui était l’invité de la rédaction Sud Fm, émet des craintes par rapport à l’avenir de cette coalition. «Si Yewwi Askan Wi a pu faire bonne figure lors des lo­cales de 2022 puis, dans la foulée, lors des législatives, c’est liée tout simplement au rôle moteur qu’a joué Ousmane Sonko principalement. Ousmane Sonko sans être candidat aux élections législatives, a eu à battre campagne. Et a été pour beaucoup dans les résultats obtenus Yewwi Askan Wi, et par l’oppo­sition de façon générale, c’est-à-dire la coalition Yewwi-Wallu. Tout cela risque de passer par pertes et profits».

  1. Diongue estime qu’Ous­mane Sonko a été lâché. «Je crois qu’Ousmane Sonko a été lâché et trahi. Et il y a eu une complicité passive pour certains, active pour d’autres politiques pour aboutir à ce résultat. Macky Sall savait qu’il n’avait qu’une équation et qu’un danger en face : c’est Ousmane Sonko. Maintenant, il vient de réussir avec la passivité des acteurs po­litiques et la complicité de la part d’autres à parvenir à ses fins ».

A en croire Momar Diongue, «Ousmane Sonko a été le seul porte flambeau de l’opposition, au lendemain de la Présidentielle de 2019. Ça, il faut s’en rappeler. Quant à l’issue de la présidentielle, Madické Niang s’est retiré de la scène politique, Issa Sall du PUR est allé rejoindre la majorité, tout comme Idrissa Seck qui était arrivé 2em. Ous­mane Sonko était le seul candidat, parmi les quatre de l’opposition qui avait fait face à Macky Sall en 2019, à tenir debout. Et depuis lors, il a tenu haut le flambeau de l’opposition. Donc, sans sa résistance au plan politique, je crois que Macky Sall aurait réussi depuis très longtemps à réduire l’opposition à sa plus simple expression comme il l’a toujours dit. Mais, je crains fort qu’il vient de le réussir en abattant Ousmane Sonko».

«Ousmane Sonko reste encore dans le jeu, même si on sait qu’au

Sénégal, le temps de la justice n’est pas le temps de la politique»

«Beaucoup se sont interrogés sur le sort des élus, notamment ceux qui sont à l’assemblée et ceux qui sont à la tête de certaines collectivités locales. Je crois qu’il n’y avait pas de crainte à ce niveau-là. Parce que, ce n’est pas sous la bannière qu’ils étaient allés aux élections. Les députés aujourd’hui estampillés PASTEF à l’Assemblée nationale, sont des députés sous la bannière de Yewwi Askan Wi. Donc, ils ne craignent absolument rien de ce point de vue-là. Ils peuvent continuer à exercer leur mission de députés », a-t-il fait savoir.

«Ousmane Sonko n’est pas encore éliminé du jeu politique. L’affaire Mame Mbaye Niang, il a eu à écoper de 6 mois d’emprisonnement en appel et 200 millions d’amende, ce qui le rend inéligible. Mais, il y a un recours qui a été fait, et ce recours-là n’a pas encore livré son verdict. Dans l’affaire Adji Sarr, il a été jugé par contumace. Et le fait qu’il soit arrêté, de l’avis de beaucoup de spécialistes de la question, casse définitivement la question du jugement qui a été rendu. Et aujourd’hui, avec cette nouvelle affaire, qui est à peine entrée en instruction, d’ici 8 mois, il n’est pas dit que la question sera tranchée définitivement et qu’il puisse faire l’objet d’une condamnation définitive. Donc, Ousmane Sonko reste encore dans le jeu, même si on sait qu’au Sénégal, le temps de la justice n’est pas le temps de la politique. Mais, on a pu voir à mainte reprises quand le pouvoir exécutif veut, c’est lui qui définit l’horloge, et c’est vraiment malheureux», a-t-il noté

Vox populi

Saphiétou Mbengue
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