Moustapha Tall, Importateur de riz : «Les commerçants et les industriels ne peuvent pas ne pas appliquer la baisse des prix, mais…»

Vox populi- Après l’annonce faite relativement à la baisse des prix de certains produits de première nécessité, les réactions n’ont pas tardé. A l’issue de ce Conseil national de la consommation (CNC), au cours duquel le ministre en charge du l’Industrie et du Commerce a annoncé la baisse des produits, l’importateur de riz, Moustapha Tall, est d’avis que cette décision aurait dû être précédé par des concertations approfondies entre les principaux acteurs. A l’en croire, beaucoup vont devoir vendre à perte, parce que les différentes catégories de riz n’ont pas été prises en compte avant de décider cette baisse.

«Ils ont donné le nouveau prix du riz non parfumé. Il y a quand même plusieurs catégories de riz non parfumé. Il y a le riz américain, le riz indien, pakistanais, thaïlandais, qui ne sont pas tous du même prix. Celui d’origine indien a le plus bas prix, alors que le riz américain est un peu plus cher.

De telle sorte que, si on applique les prix comme annoncé, le riz américain va être vendu moins que son prix de vente sur le marché actuel. Il y a, au moins, une différence de 10F/kg par rapport au prix du riz indien. Si on aligne tout, le riz américain risque de ne plus être importé», prévient Moustapha Tall, par ailleurs, Pdg du holding Tall Company.

Pour lui, «ceux qui avaient déjà un stock de riz américaine sont obligés de vendre à perte. C’est ça aussi la loi du commerce. Ce qui va occasionner l’arrêt d’importation du riz américain et limiter l’approvisionnement. C’est seulement le riz indien qu’on va importer. Ce riz va couvrir tout le marché sans les autres origines», a-t-il indiqué. Selon lui, l’Etat aurait du tenir en compte «toutes ces différences de prix entre les variétés». Mais, regrette-t-il, «malheureusement, ils se sont limités au prix qu’ils avaient déjà annoncé».

La prise à la hâte de la décision, il l’a déploré. «Les autorités pouvaient attendre que le CNC soit tenu pour qu’on puisse comprendre et prendre les bonnes mesures. Mais cela a été fait, un peu, dans la précipitation». Malgré cette situation, il dit être disposé à respecter la décision prise. «Les commerçants et les industriels ne peuvent pas ne pas appliquer la baisse des prix.

Mais, je crois qu’il faut organiser d’autres rencontres qui pourraient peut-être nous aider à trouver la bonne solution. La bonne solution, ce n’est pas d’imposer des prix comme ça, dans un marché libéralisé. On ne doit pas se lever un bon matin, dire que les prix sont élevés, on administre des prix, on fait des subventions … Tout ça, ce n’est pas viable», soutient Moustapha Tall.

Acteur de la filière, depuis plusieurs décennies, il dit croire que «ce qui est viable c’est de trouver une solution structurelle. Une solution qui règle les problèmes d’une autre manière, pas simplement des solutions conjoncturelles. Il nous faut des solutions structurelles. Et ça, on peut le faire au cours de concertations que le ministre voudrait bien organiser. Qu’on fasse des Assises de l’économie où des états généraux de l’économie», a-t-il préconisé.

A ses yeux, cette baisse annoncée sur le prix du riz devait attendre un peu. «C’est une mesure gouvernementale. On n’y peut absolument rien. Mais, je pense que ce n’est pas la bonne solution. Ce que je préconise c’est qu’on essaie de régler le problème structurellement».

Il dit croire que «le problème reste toujours entier. Donc, ce qui reste maintenant, c’est de voir comment faire pour organiser des chaines de valeur fonctionnelle qui vont nous permettre d’atteindre très rapidement l’autosuffisance alimentaire». Pour lui, c’est la seule solution, «sinon, on sera toujours exposé à des situations de ce genre».

Oumou Khaïry NDIAYE
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