Nicolas Dupont-Aignan, Pr «Debout La France» ; «La volonté des peuples africains de retrouver leur liberté monétaire est indissociable de la construction de leur avenir»

Voilà qui va apporter de l’eau au moulin des souverainistes africains et surtout sénégalais avec notamment le duo Dio­maye-Sonko a la tête de l’Etat et le député, Guy Marius Sagna, coordonnateur du FRAPP. Le 29 mai dernier, lors d’un débat à la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, Nicolas Dupont-Ai­gnan, Président de «Debout la France» et député non inscrit de la 16e législature qui se réclame aussi du «souverainisme» a plaidé la réforme du franc CFA.

Parlant de «débat important pour la relation de la France avec l’Afrique», il a fait «deux remarques, l’une politique, l’autre économique».

«Premier point, on a perdu l’habitude dans notre pays, c’est qu’il n’y a pas de souveraineté nationale sans souveraineté monétaire. Donc comme nous sommes depuis tant d’années, victimes industriellement, économiquement et politiquement de cette dépendance à l’euro, eh bien nous avons perdu l’habitude de la souveraineté», dit-il, en soulignant qu’il «comprend totalement la volonté des peuples africains de retrouver leur liberté monétaire qui est indissociable de la construction de leur avenir».

Il estime que «ce serait un contre-sens total que la France s’arc-boute sur cette zone de franc CFA. D’ailleurs, elle a perdu une partie de son pouvoir, elle en devient le bouc émissaire et nous sommes en train de nous fâcher avec toute l’Afrique à cause de cela». Selon lui, «il faut regarder les choses en face. Qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas, qu’on soit d’accord ou qu’on ne soit pas d’accord, c’est perçu comme le maintien d’un lien ancien et je crois qu’il faut avoir le courage de le remettre en cause de manière intelligente et que la France doit être là pour le faire, car si on ne le fait pas nous, ce sont les Chinois ou les Russes ou les Américains qui le feront. Donc, arrêtons-nous aussi de mettre de la passion dedans».

Poursuivant, avec le «deuxième point», il estime qu’il est économique. «Je crois qu’il faudrait quand même peut-être comprendre, un jour, que ces pays d’Afrique ont besoin de retrouver une production agricole, industrielle. Pour connaître : le Sénégal, c’est bien, ce pays importe tout et quand on a une monnaie trop chère arrimée à l’euro, on ne peut pas se développer. C’est quand même incroyable de voir que tous les pays ont utilisé la dévaluation pour se développer et qu’on le nie à ces pays», dit-il en croyant que «la question d’ailleurs n’est pas le taux de change fixe, mais la question est le niveau du taux de change.

« On peut avoir un taux de change fixe tout et en revanche le faire évoluer. Regardez la stratégie qu’ont eu Singapour, les pays d’Asie, les États-Unis et tous les pays du monde. Et l’Afrique n’aurait pas le droit de gérer son taux de change ?»

Selon lui, «il est absolument indispensable de changer de système, de le faire le plus vite possible, car la dégradation de la position de la France en Afrique est catastrophique. Et si nous continuons comme cela, nous aurons un sérieux problème».

Le député non inscrit pense que «la question est très simple : la difficulté, c’est que certaines élites africaines profitent à mort de ce système et qu’il faut absolument trouver la solution de changer de système. Est-ce que ce n’est pas finalement par un retour à des monnaies nationales dans les pays qui le peuvent, Sénégal, Côte d’Ivoire, etc.».

La «difficulté», précise-t-il, c’est «pour les pays qui n’ont pas d’institutions solides. Et là, la difficulté est énorme. Parce que je ne crois pas du tout et j’ai des raisons de le dire, à l’ECO. C’est par une vraie formation à la gestion d’une monnaie nationale que nous pourrons y arriver, je pense».

Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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