Le Sénégal traverse une ère de redressement où l’impunité des crimes économiques et de sang ne peut plus être tolérée ni acceptée. Le cri du peuple, résonnant dans le slogan du Jub Jubbal Jubanti, exige une traque sans concession des délinquants patentés assimilables à des kulunas égarés, qu’ils soient de l’ancien régime ou en quête d’une nouvelle virginité politique par la transhumance politique et stratégique.
Mais cette quête de justice ne saurait être menée au mépris des principes fondamentaux et cardinaux du droit. Le Sénégal, État de droit, bon élève de l’ONU et des organisations communautaires régionales et sous régionales se doit d’appliquer rigoureusement et vigoureusement les garanties offertes par la présomption d’innocence, le droit à la défense et le principe du contradictoire, consacrés par la Constitution sénégalaise, les textes communautaires de l’UEMOA et de la CEDEAO, ainsi que les instruments internationaux tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme (article 11) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 14).
Loin d’être un frein à la reddition des comptes, le respect de ces garanties renforce la légitimité des poursuites et crédibilise l’action judiciaire. Il s’agit non seulement de juger, mais de bien juger ou de juger excellemment.
L’urgence de rendre justice au nom du peuple Sénégalais ne justifie en rien la justice expéditive ou sélective sous peine de transformer une noble ambition en vendetta politique.Tous les auteurs de détournements de derniers publics et des criminels de sang doivent répondre de leurs actes, sans exception ni instrumentalisation politique, je vous le conjure et j’en suis convaincu qu’avec le Jub Jubbal Jubanti, nous allons vers ce dénouement ! Une justice impartiale et rigoureuse est la seule garantie d’un réel changement de CAP. Si le peuple sénégalais pardonne vite, il n’oublie jamais.
Les délinquants financiers ont trempé leurs noms et ceux de leur famille dans les poubelles de l’histoire et toute tentative tendant à les traduire devant un juge, facilite l’entrée réelle et sans équivoque des nouvelles autorités dans les tiroirs et annales de l’histoire. Cette fois, la mémoire collective doit servir à bâtir un avenir plus juste, transparent et respectueux des exigences sociales d’un peuple qui a souffert comme les douleurs d’enfantement.
Ramadan Moubarack !!
**Ibrahima Ngom, Juriste et citoyen sénégalais*