Partage des ressources pétrolières entre la Guinée Bissau et le Sénégal : le président Omar Umballo menacé de poursuites judiciaires

Le deal entre le président de la Guinée Bissau, Omar Sissokho Mballo et son homologue sénégalais Macky Sall, qui auraient trouvé une entente secrète sur le partage du pétrole a été éventré par le premier ministre Bissau-Guinéen, Nuno Nabiam. Après que le parlement ait désavoué le président Mballo, c’est au tour du premier ministre d’exposer l’accord secret signé entre les deux chefs d’Etat. Le Mandat

Alors que l’affaire Petrotim octroyant à l’homme d’affaires Frank Timis des puits de pétrole et de gaz dont les contrats ont été décriés ; un autre contrat secret a été dévoilé par le premier ministre guinéen. Selon nos confrères du site atlanticactu.com, Omar Cissokho Mballo, avant de s’envoler pour Ankara, avait nié avoir signé un quelconque accord avec l’Etat du Sénégal sur le pétrole qui permettrait le partage des ressources pétrolières. Mais selon le document fuité par Nuno Nabiam et publié par nos confrères de Atlanticactu.com, l’accord entre les deux chefs d’Etat a bien existé.

En réalité, les accords déchirés par les députés (72 votants dont 2 abstentions et 70 contre) ont été bel et bien signés le 14 octobre 2020 à Dakar entre le Président Macky Sall et le Président Umaru Embalò. Pourtant, pour ce genre d’accords qui concerne les ressources naturelles, la constitution exige que l’assemblée nationale puisse donner son feu vert. Malheureusement, le Président Mballo aurait apposé sa signature sans consulter le parlement de son pays. C’est le scandale de l’Airbus A-340 dont l’équipage a mystérieusement disparu après l’atterrissage plus mystérieux sur le tarmac militaire de l’aéroport Oswaldo Vieira et les menaces de dissolution de l’Assemblée Nationale populaire, qui remettront au goût du jour le sujet des accords signés en catimini dans le secret.

Profitant de la session de l’assemblée, le 1ier ministre Bissau Guinéen, Nuno Nabiam, a donc jeté un énorme pavé dans la marre obligeant le Parlement à annuler l’accord de partage du pétrole avec le Sénégal. Les députés qui ont voté à une écrasante majorité, ont déclaré « nul et sans effet » l’accord d’exploration de la zone conjointe entre la Guinée-Bissau et le Sénégal, signé unilatéralement par le Président guinéen, Umaro Sissoco.

A cause de cet acte du Général, les parlementaires ont estimé que «l’accord a été signé en dehors des procédures légales et caché aux autres organes de la souveraineté comme l’Assemblée Nationale, la Primature et la Cour Suprême». Par ailleurs, les députés ont reporté à une date ultérieure l’adoption d’une résolution parlementaire pour éventuellement engager la «responsabilité politique» du général Umaro Sissoco Embaló. Très remontés contre l’acte qu’aurait commis le Président, certains députés veulent que Umaru Embalò soit poursuivi pour haute trahison à la patrie et demandent ainsi au Parlement de prendre des mesures visant à sa responsabilité politique immédiate.

Pourtant, en dépit de la publication du document qui prévoit le partage des ressources qui permettrait à la Guinée d’avoir 30% et le Sénégal 70%, le président guinéen continue à nier d’avoir apposé sa signature.

Toutefois, il faut savoir que tout est partie d’une déclaration par mégarde du ministre de l’économie, Amadou Hot, en visite en Guinée au mois d’octobre 2020. M. Hot, pour magnifier les relations entre les deux pays frères avait dévoilé cet accord secret qui, depuis lors, est en train de donner du fil à retordre au Président de la Guinée Bissau. Juste après cette sortie, Mballo avait réfuté un tel accord et malgré la fuite des documents, il continue à nier.

Comme son homologue du Sénégal, les deux Présidents sont menacés par des plaintes pour haute trahison. Au Sénégal, l’opposition vient de lancer une pétition qui en moins de 24h a permis d’obtenir plus de 15 mille signatures pour traduire Macky Sall devant la Haute Cour de Justice sur l’affaire Djibril Ngom (nom de l’ex mandataire de YAW à Matam qui avait fui avec les listes de l’opposition sénégalaise pour qu’elles soient forcloses). En Guinée, son homologue, le Général Omar Sissokho Mballo est sur le point d’être poursuivi pour haute trahison par des parlementaires pour être accusé de comploter sur le dos de l’Etat.

D’ailleurs au Sénégal sur le pétrole, une plainte contre le jeune frère du Président de la République sur une cession de gisement de pétrole et de gaz a été déposée. L’affaire Petrotim aux relents de corruption présumée sur une somme de 10 millions de dollars impliquant Aliou Sall, frère du Président de la République, et l’homme d’affaires Frank Timis, a été classée sans suite par un juge d’instruction le mardi 29 décembre 2019. Mais pour Transparency International qui a réactivé le dossier la semaine dernière, cela ne veut pas dire que Franck Timis et Eddie Wong n’ont rien à se reprocher. C’est pourquoi, l’ONG pointe les limites de la justice sénégalaise et souhaite qu’une juridiction étrangère se saisisse de l’affaire. Ainsi, six pays, dont les États-Unis, la Roumanie, l’Australie et Singapour ont été interpellés.

Pape Ismaïla CAMARA
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