Ecofin- Après le Couscous d’Afrique du Nord en 2020 et le Thiéboudiène sénégalais en 2021, l’Attiéké ivoirien vient d’être ajouté au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ceci vient confirmer une plus grande exposition mondiale de la cuisine africaine ces dernières années.
Un plat d’Attiéké
Le jeudi 5 décembre 2024, l’Attiéké, spécialité culinaire ivoirienne à base de semoule de manioc fermentée, a fait son entrée au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Cette consécration d’un plat devenu presque incontournable dans les assiettes ivoiriennes et ouest-africaines, vient marquer une d’exposition pour la cuisine africaine dans le monde. De quoi espérer bientôt plus de reconnaissance internationale pour d’autres plats du continent.
Une reconnaissance inévitable
Ce n’était qu’une question de temps pour que l’Attiéké entre au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Reconnu partout dans le monde quand la cuisine africaine est évoquée, il est apprécié autant dans les foyers d’Abidjan, la capitale de Côte d’Ivoire, que dans les restaurants européens. Rien ne promettait pourtant une telle popularité à ce mets à base de manioc râpé, fermenté 2 ou 3 jours, puis cuit à la vapeur.
L’Attiéké est selon plusieurs sources une déformation du mot « Adjèkè » de la langue Ébrié parlée dans le Sud de la Côte d’Ivoire. Les femmes Ébriés confectionnaient le plat pour le vendre, et les transporteurs bambaras qui le distribuaient ont propagé l’appellation « Atchèkè » ensuite prononcée « Attiéké » par les colons français. Sa conception varie selon les régions de Côte d’Ivoire et est transmise de génération en génération. En fonction de la région, on retrouve ainsi l’Attieké « gros grain » ou Abodjama, et l’Attiéké aux grains fins.
Il faut également différencier l’Attiéké du Garba, une variante présentée de manière plus brute et infusée de farine de manioc. De plus en plus populaire en Afrique de l’Ouest, ce dernier pourrait également faire un jour son entrée au patrimoine de l’UNESCO.
Les plats africains de plus en plus connus
En 2021, le Thiéboudiène, un mélange de riz, de poisson, de légumes et de sauce, avait été inscrit à ce patrimoine. Ce plat, véritable marqueur du catalogue culinaire du Sénégal, a permis de valoriser la gastronomie du pays. Plus tôt en 2020, c’était le Couscous, plat emblématique d’Afrique du Nord qui avait rejoint le patrimoine mondial de l’UNESCO. Consommé à travers tout le Maghreb, du Maroc à la Tunisie, et aussi en Afrique subsaharienne, le couscous est un élément clé de la culture régionale et symbolise le rassemblement.
Un plat de Thiéboudiène
Ces reconnaissances témoignent d’une plus grande exposition de la cuisine africaine sur la scène internationale. De nombreuses autres spécialités restent toutefois à découvrir, comme le Foutou banane ivoirien (de la banane plantain pilée et accompagnée d’une sauce épicée), le Talé-Talé béninois (une collation à base de beignets de banane plantain), le Wat éthiopien (un ragoût épicé généralement servi avec de l’Injera, un pain spongieux), etc. Elles sont autant d’exemples de la diversité culinaire du continent.
Du Talé-Talé
Mais ces célébrités culinaires africaines constituent parfois un obstacle à l’ambition de reconnaissance en constituant des arbres qui cachent la forêt gastronomique continentale. Pour le reste du monde, il y a une cuisine africaine, représentée par l’Attiéké, le Couscous, le Tadjine ou encore le Yassa. Mais en réalité, plus d’une cinquantaine de cultures gastronomiques cohabitent sur le continent, souffrant du manque d’exposition des plats de nombreux pays.
Le travail de promotion à ce niveau doit venir des pays africains. A une ère où le Soft Power est une question importante pour ces nations, on devrait bientôt assister à plus d’efforts d’exposition des différentes gastronomies du continent.