Personnes disparues en mer, victimes de l’immigration irrégulière : Boubacar Seye pour l’ouverture d’une enquête sur leurs circonstances

Boubacar Seye, Président de Horizon Sans Frontière (HSF), plaide pour l’ouverture d’une enquête sur la disparition de 300 personnes dont 89 qui ont été sauvées par la marine espagnole, le lundi dernier. Cette invite il l’a faite hier, en réaction à cette reprise des voyages périlleux jadis appelé ‘’Barça ou Barzax’’.

«La migration vient d’inscrire les pages les plus noires de son histoire avec ce qui s’est passé aujourd’hui. Des drames qui se répètent, qui se succèdent en Méditerranée», se désole M. Sèye, expert en migration. «Au premier trimestre de 2023, on parlait de plus de 440 morts. Et aujourd’hui, nous en sommes à 1300 morts. D’ailleurs, je dirais qu’en termes de valeur absolue, on ne peut pas quantifier, ce n’est que des approximations. Parce qu’on le sache ou pas, les pirogues chavirent en mer», a confié M. Séye au cours d’un entretien téléphonique.

Il dit croire que «ce qui s’est passé aujourd’hui, devrait nous interpeller, interpeller la conscience nationale et internationale pour l’ouverture d’une enquête très sérieuse sur les circonstances de ces drames-là. Parce qu’aussi ce qu’on ne peut pas accepter, le FRONTEX qui est doté d’un budget de plus de 800 millions d’euros, un matériel très sophistiqué, entre autres, et que les drames continuent. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas», a dit Boubacar Seye.

Pour lui, «c’est aux pays africains de se lever et se battre pour que la lu­mière soit faite». «Malheureusement, leur silence montre leur échec dans la prise en charge de leur jeunesse. Parce qu’aujourd’hui, c’est l’Afrique qui a la richesse dont tout le monde a besoin, c’est-à-dire la jeunesse. Et on joue avec cette jeunesse qui est devenue un fardeau jusqu’à ce qu’on en soit arrivé à ce drame». Ce qu’il fustige.

«Il devrait y avoir une réunion africaine pour qu’au moins qu’il ait un parallélisme des réponses dans ce contexte mondial de mobilité croissante»

Dans la même foulée, il rappelle que la sonnette d’alarme avait été tiré depuis belle lurette. «Ce drame ne nous a pas surpris. Parce que cela fait longtemps que nous sommes en train d’alerter que si on ne prend pas garde, l’ère Coronavirus, l’ère guerre Ukrainienne avec son taux d’inflation à travers le monde, ça va entraîner une intensification du flux migratoire sous le guillon de l’extrême pauvreté. Et c’est ce qui est arrivé. Parce que dans un pays comme le Sénégal, qui, malheureusement, traverse une crise politique très aiguë. On ne parle plus d’économie, on ne parle plus de développement, on ne parle plus des sujets sur comment faire de tel sorte que quand on a faim, on mange, quand on a soif, on boit, et quand on est malade, on se soigne. Le débat n’est plus orienté vers ces problématiques, le débat est ailleurs, voilà les résultats, tout le pays est en deuil», indique l’experte en migration.

«Les jeunes qui quittent leur pays en espérant que la vie meilleure se trouve ailleurs, alors que l’Europe a plus de problèmes que nous aujourd’hui. En Espagne où ils migrent, le taux de chômage des moins de 25 ans est estimé à 29,6% en janvier 2023. Donc, ce pays-là ne peut pas prendre en charge la jeunesse africaine. C’est aux africains de prendre leur responsabilité. C’est pour cela que nous appelons à la responsabilité est au sens de l’honneur», dit le président de HSF, Boubacar Seye.

«On ne peut pas accepter, le FRONTEX qui est doté d’un budget de plus de 800 millions d’euros, un matériel très sophistiqué, entre autres, et que les drames continuent»

«Aujourd’hui, l’Etat doit le plus rapidement possible diligenter ce qu’on appelle les assises de l’immigration. Il devrait y avoir une conférence aujourd’hui au niveau africain, une réunion africaine, l’initiative africaine pour qu’au moins qu’il ait un parallélisme des réponses dans ce contexte mondial de mobilité croissante des populations pour que, ne serait-ce que, ce qui s’est passé aujourd’hui, pour qu’ils puissent redonner de l’espoir à ces jeunesse à la quête d’un avenir digne».

Au finish, dit-il, «un pays comme le Sénégal, vu les causes économiques tels que le chômage endémique, chronique et structurel des jeunes, en allant à des causes socioculturelles, les pesanteurs socio culturelles, la notion de l’avoir et de réussir, il nous faut ce qu’on appelle une relecture de la perspective. C’est pour cela, que nous, dans les perspectives de solutions, nous disons qu’il faut de nouvelles modalités de sensibilisation, des ateliers de relectures des perspectives avec des outils d’aide à la prise de décision».

Vox populi

Dieyna SENE
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