Perspectives de la Banque Mondiale : L’économie mondiale mise sur les pays en développement malgré une conjoncture complexe en Afrique subsaharienne

Selon la Banque mondiale, les économies en développement jouent désormais un rôle central dans la croissance mondiale, contribuant à 60 % de cette dernière. Néanmoins, ces pays, particulièrement en Afrique subsaharienne, devront naviguer à travers un environnement économique marqué par des défis multiples entre 2025 et 2026.

Une croissance régionale en progression malgré les révisions

En Afrique subsaharienne, la croissance économique a accéléré, passant de 2,9 % en 2023 à 3,2 % en 2024, bien que cette performance reste en deçà des prévisions initiales. Cette révision à la baisse de 0,3 point de pourcentage est imputable au conflit au Soudan ainsi qu’aux défis économiques rencontrés par certains pays de la région, freinant ainsi la reprise.

Dans les deux plus grandes économies de la région, le Nigéria et l’Afrique du Sud, la croissance a atteint 2,2 % en moyenne grâce à des améliorations sectorielles : meilleure fourniture d’électricité en Afrique du Sud et hausse de la production pétrolière au Nigéria. Les autres pays ont enregistré une croissance de 4 %, tirée par un regain de dynamisme économique.

Inflation et insécurité alimentaire : des défis persistants

Les prix à la consommation ont affiché des tendances divergentes. Dans la plupart des pays, l’inflation a ralenti ou diminué, mais l’inflation alimentaire demeure élevée. En revanche, des hausses de prix marquées sont observées dans des économies comme l’Angola, l’Éthiopie et le Nigéria, souvent dues à des dépréciations monétaires.

L’insécurité alimentaire reste préoccupante, aggravée par des événements climatiques extrêmes : sécheresses dans l’Afrique australe et inondations ailleurs. Ces perturbations accentuent la pauvreté et réduisent la résilience économique.

Perspectives de 2025-2026 : vers une consolidation de la croissance

La croissance en Afrique subsaharienne devrait s’accélérer pour atteindre 4,1 % en 2025 et 4,3 % en 2026, soutenue par une baisse de l’inflation et un assouplissement des conditions financières. Cependant, des disparités importantes persistent :

  • Hors Nigéria et Afrique du Sud, la croissance régionale pourrait grimper à 5,3 %.
  • Les économies exportatrices de produits industriels devraient bénéficier de la reprise de la consommation des ménages et de l’amélioration des services.

Malgré ces perspectives optimistes, les marges de manœuvre budgétaires restent limitées, en raison de niveaux élevés d’endettement et de coûts d’emprunt. Les soldes budgétaires devraient s’améliorer lentement, et les pays exportateurs de produits de base pourraient enregistrer des excédents.

Cependant, le revenu par habitant en Afrique subsaharienne progressera faiblement, avec une moyenne de 1,7 % par an sur la période, en deçà des performances des autres économies émergentes. Environ 30 % des pays de la région ne retrouveront pas leurs niveaux de PIB par habitant d’avant la COVID-19 d’ici 2026.

Des risques multiples

La Banque mondiale met en garde contre de nombreux risques :

  • Ralentissement mondial : Une croissance plus faible que prévu, notamment en Chine, pourrait peser sur les exportations africaines.
  • Tensions géopolitiques et conflits internes : L’instabilité en Afrique subsaharienne, combinée à une escalade des conflits au Moyen-Orient ou au Soudan, pourrait exacerber l’insécurité alimentaire et les pressions inflationnistes.
  • Phénomènes climatiques extrêmes : L’intensification des sécheresses et des inondations aggravera la pauvreté dans plusieurs pays.

Une résilience à bâtir

Malgré des défis persistants, l’Afrique subsaharienne dispose d’un potentiel significatif pour renforcer sa croissance. La diversification économique, la lutte contre l’insécurité alimentaire et l’amélioration des infrastructures énergétiques figurent parmi les priorités pour une croissance durable et inclusive.

En somme, bien que les pays en développement soutiennent de plus en plus la croissance mondiale, leur résilience sera mise à l’épreuve dans les années à venir. La Banque mondiale appelle à des politiques adaptées pour transformer ces défis en opportunités de développement.

Momar Diack SECK
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