Le Directeur exécutif de l’African Centre for Trade, Integration and Development (CACID) était aux côtés des familles des détenus «politiques» pour exprimer son indignation et leur manifester toute sa solidarité dans l’épreuve.
Cheikh Tidiane Dièye qui s’exprimait lors de la conférence de presse organisée par les organisations engagées dans la lutte pour la libération des détenus a, de fait, invité le président Macky Sall à élargir le millier de jeunes arrêtés lors des différentes manifestations.
«Vous n’êtes pas seuls et vous ne serez pas seuls dans ce combat que vous avez entamé. Chaque Sénégalais encore en liberté est presque un détenu en puissance, parce que le pays a atteint un niveau où tout citoyen qui ose contester ou critiquer le pouvoir devient un potentiel prisonnier. Aujourd’hui, nous sommes dans un pays où le droit de contester vous ouvre facilement les portes de la prison. Les brimades, les arrestations sont devenues monnaie courante dans ce pays jadis connue comme l’une des démocraties les plus avancées du monde», a indiqué Cheikh Tidiane Dièye qui, s’adressant aux familles des prisonniers politiques, a au passage touché du doigt les violations des droits et libertés fondamentales.
A en croire au fondateur du CACID par ailleurs membre de l’opposition, le Sénégal a atteint le summum en matière de violation des droits et libertés individuelles.
«C’est vrai que la justice n’était pas aussi perfectionnée. C’est vrai que la démocratie n’était pas aussi parfaite, de même que l’Etat de droit, mais le pays n’était pas tombé aussi bas comme nous le constatons aujourd’hui sous Macky Sall», a-t-il déploré.
Avant d’ajouter : «On a tout vu dans ce pays. Mais c’est la première fois dans ce pays qu’on ait atteint un record de près de deux mille personnes arrêtées et emprisonnées au même moment. Aujourd’hui, le Sénégal est proche des grandes dictatures».
Une raison suffisante pour le sociologue d’accuser les tenants du pouvoir d’avoir «transmis à l’Etat des sentiments humains au point de l’entrainer dans le cynisme, la colère contre le citoyen» Ainsi, pour un apaisement de la tension politique, le coordonnateur de «Avenir Sénégal bi Nu Beug» appelle les tenants du pouvoir à respecter l’Etat de droit.
Car, explique-t-il, «l’Etat de droit, c’est la soumission des acteurs – du président de la République au citoyen – à la loi. Conformer tous ses actes à la loi, c’est une marque de l’Etat de droit. Un Etat sérieux ne doit pas poser des actes contraires à la constitution, aux lois et règlements en vigueur. Cela implique aussi que toutes les décisions de justice soient exécutées aussi. Malheureusement, le Sénégal en est orphelin de tout cela».
Et ce dernier de lancer un appel à l’endroit des populations, les invitant à une «mobilisation générale aux cotés des familles des détenus politiques. Ce, pour d’une part exiger la libération des personnes «injustement arrêtées et emprisonnées» et d’autre part, «exprimer son ras-le-bol face aux arrestations qui n’en finissent pas».
«Si nous voulons que ce pays retrouve sa stabilité d’antan, car nous estimons qu’il doit avoir des lois perfectionnées, des citoyens libres, une démocratie avancée et consolidée, nous devons nous lever et, comme un seul homme, dénoncer les arrestations et montrer à ceux qui sont au pouvoir que ce pays ne leur appartient pas», a-til lancé, non sans mettre en garde les tenants du pouvoir, les appelant à la raison.
«Les hommes passent et les institutions restent», leur a-t-il rappelé. Avant de poursuivre : «Ceci étant dit, les cinq mois qui leur restent au pouvoir, ils doivent libérer ces individus au risque de créer une situation d’insécurité qui peut se retourner contre eux demain. Ils ne sont pas éternels au pouvoir. C’est pourquoi j’appelle le Président Macky Sall, garant des lois et règlements, à respecter les conventions ratifiées en matière de protection des droits et libertés des individus pour la postérité »
Vox populi