Le Sénégal a récemment inauguré le Projet Grand Transfert d’Eau (GTE), visant à approvisionner en eau les zones arides à partir du Lac de Guiers. Ce programme, deuxième plus grand projet d’hydraulique rurale après le barrage de Diama sur le Fleuve Sénégal, marque une étape décisive pour le secteur agricole sénégalais.
En assurant une distribution plus équitable des ressources en eau, le projet GTE ambitionne non seulement de renforcer la sécurité alimentaire nationale mais également de fournir aux industries agroalimentaires des matières premières locales, tout en créant des opportunités d’emplois ruraux pour les jeunes. À terme, le Sénégal pourrait se positionner comme exportateur net de produits agricoles.
Le ministre de l’Hydraulique a souligné l’importance stratégique de ce projet : « J’ai toujours soutenu que l’investissement dans l’hydraulique rurale est plus impactant pour un développement inclusif que les infrastructures de désengorgement urbain, souvent rapidement saturées.
Il est toutefois essentiel d’accompagner ce projet par des aménagements agricoles le long de ces ‘autoroutes de l’eau’ pour permettre aux investisseurs privés, qu’ils soient petits producteurs ou entrepreneurs agricoles, d’exploiter pleinement ce potentiel. »
Malgré les ambitions, le développement agricole sénégalais reste entravé par le coût élevé des aménagements hydroagricoles. Dans la vallée du Fleuve Sénégal, par exemple, seulement 52 % des 408 000 hectares potentiellement irrigables ont été aménagés.
Au niveau national, sur les 128 000 hectares aménagés en dehors de ceux gérés par la Compagnie Sucrière Sénégalaise, seuls 93 300 hectares sont actuellement exploités (source : OMVS). Par ailleurs, des contraintes de financement réduisent encore davantage les superficies effectivement cultivées, lesquelles tombent souvent sous les 100 000 hectares.
Pour favoriser un développement agricole inclusif, l’État devra aller au-delà des infrastructures de transfert d’eau et s’engager dans l’aménagement des bassins le long de ces nouveaux canaux hydrauliques.
À l’exemple du modèle marocain, il sera indispensable d’apporter un soutien aux petits producteurs, notamment à travers des subventions pour l’irrigation et l’équipement agricole. Bien que le projet GTE constitue un premier pas important pour l’essor du secteur agricole sénégalais, des mesures d’accompagnement seront essentielles pour rentabiliser cet investissement structurant, lequel marque une rupture avec les infrastructures prestigieuses auxquelles le pays a été habitué sous divers régimes.