Le président Macky Sall peine encore à se choisir un candidat pour conduire la coalition au pouvoir à la présidentielle de 2024. Pourtant, aussi bien les responsables de l’Alliance pour la République (APR) comme ceux de Benno Bokk Yakaar lui avaient donné « carte blanche » pour désigner un candidat consensuel et avaient même fait une résolution pour dire qu’ils seraient d’accord sur le choix. Mais depuis, le miracle tarde à se réaliser.
La rencontre du, jeudi, au Palais n’aura pas été la panacée. Bien au contraire, elle a accentué des difficultés au regard des multiples candidats à la candidature de la coalition présidentielle qui se sont manifestés à lui, alors que les échéances électorales approchent à grands pas.
Pourquoi est-il si difficile de trouver un candidat dans la coalition Benno Bokk Yakaar, à moins de six mois du scrutin présidentiel ?
La question soumise au Docteur en sociologie politique, Ismaela Sène, il rétorque, tout de go, que le patron de l’APR et de Benno Bokk Yakaar a tardé à trancher le débat sur sa troisième candidature. Conséquence, constate-t-il, «le temps est son principal ennemi, de même que les candidatures plurielles».
Le sociologue et politiste invoque la particularité de ce choix consensuel dans la configuration des rapports sociaux à l’intérieur des partis ou coalitions de partis politiques.
«Il s’agit d’une coalition au pouvoir et qui parle de coalition au pouvoir ou de parti au pouvoir, parle d’un parti qui a accès à un appareil ; lequel appareil a permis de faire émerger des personnalités publiques qui ont pu consolider ou créer une base politique et on ne s’étonne pas d’entendre les gens convoquer les militants de base pour justifier leurs ambitions», explique-t-il dans le journal de «Midi Keng» de Iradio, du samedi.
Avant d’ajouter : « Cela est d’autant plus compréhensible que nous sommes dans un contexte marqué par la recherche de consensus, de compromis. Et souvent en matière de configuration des rapports sociaux à l’intérieur des partis ou coalitions politiques, le consensus est beaucoup plus problématique parce qu’il requiert du temps de négociations, d’échanges et de discussions et parfois, il met à l’épreuve les égos et les ambitions. Donc, cela constitue en réalité un temps qui risque d’être préjudiciable à cette coalition ou à ce parti, d’autant plus qu’aussi nous sommes dans un contexte où le consensus fait appel à des négociations dans un contexte de candidature plurielle ».
En outre, Dr Sène soutient aussi qu’on ne peut pas ne pas évoquer la posture parfois problématique de Macky Sall. Selon lui, sa stratégie de « ni oui ni non » a retardé l’émergence de leader au sein de cette coalition.
« On se rappelle que les leaders qui avaient commencé à émerger parce qu’étant au cœur de l’Etat ont été rétrogradés par des nominations à des positions moins importantes», fait observer l’analyste politique. Il estime que tous ces facteurs-là peuvent permettre de comprendre les difficultés que le président Macky Sall et sa coalition ont à trouver un candidat qui pourrait faire consensus.
Vox populi
