Redressement fiscal des entreprises de presse : Le Cdeps veut des réformes

13 milliards de dette fiscale et 25 milliards pour les redevances dues à l’Agence de régulation des télécommunications et de la poste (Artp), c’est l’ardoise que les autorités cherchent à recouvrer auprès des entreprises de presse.

Les premières mises en demeure faites par les services de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid) ont été très vite, trop vite sans doute, suivies du blocage des comptes bancaires de «la plupart» des entreprises dont Avenir Communication, éditrice du journal Le Quotidien.

A la suite d’une réunion d’urgence tenue hier par le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), le président Mamadou Ibra Kane a regretté cette accélération de la procédure de recouvrement par la Dgid. «Les premières notifications du service des Impôts datent du 21 mai. Aujourd’hui, nous sommes le 5 juin. Malheureusement, nous avons constaté une accélération des procédures des impôts», souligne-t-il. «Aujourd’hui, tous les patrons de presse sont unanimes pour dire qu’il y a une menace sur la liberté de la presse au Sénégal, parce que les entreprises sont menacées dans leur existence-même avec les poursuites engagées par la Dgid», ajoute M. Kane. Il précise que les entreprises de presse ne refusent pas de payer leurs impôts. «Nous ne refusons pas de payer, et nous payons nos impôts. Par contre, ce que nous demandons, c’est que compte tenu de la spécificité du secteur, qu’il y ait une fiscalité adaptée comme en France et ici au Sénégal dans les secteurs de l’agriculture, du logement social, de la santé.»

Le président du Cdeps juge par ailleurs que la somme «faramineuse» qu’on réclame aux entreprises de presse «ne correspond pas à la réalité». Mais aujourd’hui, l’urgence, soulignent les patrons de presse, c’est de lever le blocage des comptes des entreprises visées dans la procédure. «Selon les sources de la présidence de la République, le montant est de 13 milliards pour la dette fiscale des entreprises de presse et de 25 milliards pour les redevances dues à l’Artp. On ne peut pas nous imposer tout de suite le paiement de ces sommes-là, d’autant que le secteur ne peut pas dégager… Aucune entreprise de presse ne peut payer la dette fiscale qu’on lui réclame. Il faut trouver un arrangement, mais la mesure immédiate du ministère des Finances et du budget, c’est la main levée sur les comptes bancaires des entreprises de presse.»

Au terme de leurs réunions, les patrons de presse demandent «une décision politique d’annulation ou d’effacement de la dette fiscale, comme Macky Sall l’avait fait». Selon le président de l’organisation patronale de la presse, les autorités ont en leur possession les états financiers des entreprises. «Ils savent combien nous pouvons payer et combien nous ne pouvons pas payer. On va donc négocier un moratoire. Nous ne refusons pas de payer les impôts. Individuellement, chacune des entreprises a tenté de rencontrer son service de recouvrement. Nous sommes dans l’urgence, nos comptes sont bloqués, il faut que le ministère des Finances et du budget fasse la main levée sur ces comptes. Si on ne le fait pas, chaque jour qui passe met en jeu notre existence.»

Invité de la matinale de la Tfm hier, Madiambal Diagne, l’Administrateur général du Groupe Avenir communication, a indiqué qu’une trentaine d’entreprises de presse sont actuellement ciblées par la Dgid. Celle-ci réclame au journal Le Quotidien 91 millions de francs Cfa. Il faut rappeler que c’est à quelques jours de son départ de la tête du pays, que le Président Macky Sall, recevant des patrons de presse, avait octroyé un effacement des dettes fiscales dues par ces entreprises jusqu’au 31 décembre 2023. La promesse n’ayant pas été suivie par des actes légaux, cet acte est remis en cause et engendre une situation de crise pour les entreprises de presse.

LeQuotidien

Fatima Seck

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