Résistances et Changements au sein de l’Assemblée nationale Par Babacar Papis Samba

L’entrée massive de l’opposition au sein de l’Assemblée nationale, lors des Législatives de 2022, peut être perçue comme un élément catalyseur, et un signe de conscience politique. Comme on peut dire – sous réserves d’autres éléments d’appréciation – que le Sénégal est train de faire son entrée dans une nouvelle ère politique.

 

C’est en tout cas pour la première fois qu’un tel cas de figure se présente, et les Sénégalais semblent de plus en plus tenir à construire une démocratie ouverte et plurielle. Encore que le fort taux d’abstention -53%- qui a été constaté dans cette élection est un message assez fort que les inscrits qui n’ont pas voté ont envoyé aux politiques de ce  pays.

 

Ce qui ne signifie pas que ces derniers n’ont aucune conscience de l’importance du vote comme baromètre – et pas le seul – du jeu démocratique. A preuve les Sénégalais gardent l’habitude d’aller voter, à l’occasion d’une joute électorale, qui consacre l’élection de leur Président.

 

Ils sont alors loin d’ignorer, que dans un régime présidentiel comme celui du Sénégal, c’est le Président de la République qui est le maître du jeu politique, car il est le détenteur du pouvoir exécutif, il a un regard sur le fonctionnement de la justice, comme il tient à contrôler le Parlement.

 

D’où l’importance qu’ils accordent à l’élection présidentielle, et peu ou prou aux Locales, à cause cette fois-ci de la proximité que les électeurs ont souvent avec les candidats, qui postulent pour assurer la gouvernance locale. Même s’il est à remarquer que le choix des Sénégalais en matière d’élection est assez complexe!

 

Au-delà de ce fait de boycott qui peut faire penser que les Sénégalais ont tourné le dos à la politique, on peut aborder la question sous l’angle de ce qu’il est convenu d’appeler « la crise de la politique », et qui affecte plusieurs sociétés du monde.

 

Beaucoup de Sénégalais semblent montrer à travers leurs comportements, que le présidentialisme qui est en vigueur dans ce pays depuis plusieurs décennies, n’est plus totalement en phase avec leurs aspirations du moment. On peut bien faire cette lecture, si on prend en compte le choix des électeurs qui a mené au ballotage au sein de l’Assemblée nationale.

 

Nonobstant le fait que le débat politique soit devenu bipolaire, et qu’en dehors des deux groupes Yewwi et Benno qui sont majoritaires à l’Assemblée nationale, il n’y a pratiquement plus d’alternatives pour les organisations politiques minoritaires, marginales ou émergentes.

 

On peut alors dire que les opinions différentes ou divergentes ne propèrent plus en dehors de ces deux entités politiques qui ont pris en otage toutes les forces sociales qui ont leur mot à dire sur la marche de la société.

 

Yewwi et Benno ont réussi à enrôler dans leurs girons, la grande partie des acteurs politiques, de même que la société civile et la presse. Nous sommes ainsi sous le diktat d’un pour ou contre Yewwi ou Benno.

 

Comme si d’autres voies de solution n’existaient plus dans ce pays, mettant ainsi de côté d’autres initiatives et réflexions qui pouvaient enrichir le débat politique. Ce phénomène fait partie des insuffisances et faiblesses du système démocratique sénégalais.

 

Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe.

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