Santé-Alerte sur le diabète : « Jongoma » ou « Drianké » parmi les sujets à risque

Au Sénégal, comme ailleurs en Afrique, la prise de poids est souvent considérée comme baromètre de bonheur, d’une certaine aisance, plus encore chez la femme en couple. Mais, il se peut que le monde se soit trompé de point de vue. Il est des corpulences qui constituent une proie facile pour certaines maladies non transmissibles comme le diabète.

«Il y a des signes avant-coureurs qu’il faut prendre très au sérieux. Quand on est une femme de taille «Jon­goma» (ou Drianké, femme forte ou d’une certaine masse corporelle importante, NDLR), il devient plus facile de faire du diabète au fil des ans que chez un sujet dit taille fine.

Quand vous êtes mariée, vous mettez au monde un bébé d’un poids supérieur ou égal à 4 Kg à la naissance, dites-vous bien que vous êtes sujet à risque du diabète. Lorsque vous faites de façon répétitive de fausses couches, sachez que vous êtes en proie au diabète. Si vous êtes une personne dont les parents ont été diabétiques, l’hérédité fait que vous êtes à risque aussi», a alerté,  le diabétologue Saïdou Nourou Diop, professeur en médecine interne à la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, à la retraite depuis 2017.

 

Le Pr Diop s’exprimait sur la question, en marge de l’ouverture à Dakar du 3ème Congrès de la Société Sénégalaise d’Endocrinologie Diabétologie et Nutrition (SOSEDIAN) qui, pendant trois jours, va se pencher sur la problématique de l’insuffisance de spécialiste en endocrinologie diabétologie et nutrition clinique, l’ampleur du diabète et des maladies endocriniennes en Afrique, la formation à distance comme voie salutaire de formation à l’échelle africaine.

Dans les cas de figures à risque cités, le diabétologue préconise d’aller se faire consulter à temps dans une structure de soins la plus proche pour éviter les mauvaises surprises. Puisque, dit-il, avec insistance, plus la personne prend de l’âge, plus le diabète est susceptible de s’installer en elle.

L’ancien directeur du Centre de prise en charge des diabétiques, Marc Sankalé de l’hôpital Abass Ndao de Dakar, rappelle que le monde s’attend en 2040 à plus de 700 millions de diabétiques dont 75 à 80% vivront dans les pays en développement comme le Sénégal.

Déjà, les statistiques du Sénégal en 2015 (1ère Enquête STEPS) montrent que 3,4% des personnes de 18 à 69 ans ont le diabète. Ce taux monte à 5,5% dans la population âgée de plus de 45 ans. La maladie touche aussi 10% des séniors de plus de 70 ans.

Pour réduire la survenance de cette maladie, Pr Saïdou Nourou Diop pense que l’accent doit être mis sur le dépistage précoce des sujets à risque. «Il faut que les gens sachent que ces maladies existent, qu’on peut les traiter, mais il faut s’y prendre très tôt», exhorte-t-il.

«Le dépistage du diabète est crucial pour les gens qui sont prédisposés afin qu’ils prennent les mesures de prévention qui s’imposent. C’est l’élément le plus important», ajoute-t-il. Là-dessus, Pr Diop regrette le fait qu’en Afrique, les gens ne prennent au sérieux que les maladies transmissibles qui, soit vous tue ou vous y survivez. Or, fait-il observer, pour les maladies non transmissibles comme le diabète, dès qu’il s’installe, l’individu vit avec à vie.

«Les gens ne se font consulter à l’hôpital que lorsque la maladie atteint un stade irréversible», s’en désole-t-il.

Vox Populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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