Sécurité routière : Près de 250 000 vies humaines perdues sur les routes du continent africain rien qu’en 2021

Les vagues qui continuent d’endeuiller les familles, sont du nombre des faits qui préoccupent l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celle-ci, pour avoir constaté que «les décès dus aux accidents de la circulation augmentent dans la Région africaine, mais régressent au niveau mondial», a brisé le silence pour relever l’ampleur de ces drames routiers.

Ladite institution mondiale en veut pour preuve qu’au cours de la dernière décennie, «les taux de décès dus aux accidents de la circulation ont considérablement augmenté en Afrique, entraînant la perte de près de 250 000 vies humaines sur les routes du continent rien qu’en 2021». Alors que, selon elle, «à l’inverse, les taux de décès dus aux accidents de la route ont diminué de 5 % au niveau mondial pendant la même période».

Dans une publication faite, avant-hier, 16 juillet 2024, Dr Matshi­diso Moeti, la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a indiqué qu’«entre 2010 et 2021, la Région a enregistré une augmentation de 17% des accidents mortels de la route». Un bilan macabre confirmé dans «le rapport de situation de l’OMS sur la sécurité routière dans la Région africaine en 2023». Ce, en indiquant que c’est «la mise à jour la plus récente». L’OMS a relevé, pour le dénoncer, que «la Région concentre près d’un cinquième de tous les décès dus à la circulation routière dans le monde, alors qu’elle ne compte que 15% de la population mondiale et seulement 3% des véhicules dans le monde».

«Les évaluations de la sécurité des infrastructures routières sont particulièrement médiocres»

Selon l’OMS, beaucoup de facteurs expliquent ces accidents routiers. «Le rapport attribue cette augmentation à plusieurs facteurs, notamment l’insuffisance de législations et de normes en matière de sécurité routière». Mieux, indique-t-elle, «aucun pays de la Région ne s’est encore doté de lois conformes aux meilleures pratiques concernant les cinq principaux facteurs de risque comportementaux en matière de sécurité routière, à savoir : l’excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse, le non-port du casque à moto et de la ceinture de sécurité en voiture et l’absence de dispositifs de retenue pour enfants».

Aux yeux de Dr Matshidiso Moeti «les conclusions révèlent un grave problème en matière de santé publique dans les pays africains, où des centaines de milliers de vies sont perdues inutilement». A ce propos, ladite institution dit s’être engagée «à travailler en étroite collaboration avec les pays pour répondre à cette menace évitable et continuer de soutenir pleinement tous les efforts visant à rendre nos routes plus sûres pour les conducteurs, tout comme pour les piétons».

Le rapport, dit-elle, mentionne que «les hommes âgés de 15 à 64 ans sont les principales victimes des accidents de la route. Les usagers vulnérables, tels que les motocyclistes, les cyclistes et les piétons, sont les plus affectés, les décès parmi les motocyclistes ayant doublé ces dix dernières années».

«La Région concentre près de 1/5 de tous les décès dus à la circulation routière, alors qu’elle ne compte que seulement 3% des véhicules dans le monde»

La Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique dit avoir noté, avec ses collaborateurs que «peu de pays ont réalisé des avancées en ce qui concerne la mise en place de systèmes de transport adaptés aux modes de déplacement alternatifs, tels que les bicyclettes, les motocyclettes ou la marche, ainsi qu’à un réseau de transport public efficace. Ces systèmes de transport dits ‘’multimodaux’’ sont considérés comme plus équitables, plus respectueux de l’environnement et plus sûrs pour les usagers de la route».

Par ailleurs, souligne-t-elle, «actuellement, l’Afrique connaît l’une des croissances les plus rapides pour le marché des véhicules d’occasion». Mieux, indique Dr Moeti, «depuis la publication du rapport de situation de l’OMS de 2013, le nombre total d’immatriculations de véhicules a presque doublé, tandis que les immatriculations de véhicules à deux et trois roues ont triplé. Seuls 13 pays ont élaboré des stratégies nationales visant à promouvoir la marche et le cyclisme».

La Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique a aussi déploré le sort réservé aux piétons. A l’en croire, d’ailleurs, «la protection des piétons reste quant à elle largement négligée». Et cela, même «si des avancées ont été réalisées en ce qui concerne l’adoption de lois régissant les équipements de sécurité des véhicules». De plus, dit-elle, en s’appuyant sur le rapport, «les évaluations de la sécurité des infrastructures routières sont particulièrement médiocres, avec seulement un faible pourcentage répondant aux normes acceptables pour les différents usagers de la route».

De l’avis de l’OMS, «à l’heure actuelle, la majorité des systèmes de collecte de données sur les accidents de la route en Afrique ne documentent que les décès résultant de ces accidents, excluant ainsi les informations sur les blessures et leur gravité, ainsi que les conséquences à moyen et à long termes telles que les handicaps. En ce qui concerne les services de soins après accident dans la Région, force est de constater qu’ils sont insuffisants ou inexistants dans la plupart des pays».

«Moins de 1/3 des États membres disposent de services répondant aux normes recommandées en matière d’accès aux soins pré-hospitaliers, aux soins d’urgence, au traitement et aux services de réhabilitation»

En effet, dit Dr Moeti, «moins d’un tiers des États membres disposent de services répondant aux normes recommandées en matière d’accès aux soins pré-hospitaliers, aux soins d’urgence, au traitement et aux services de réhabilitation».

Et «pour atteindre l’objectif fixé par l’Assemblée générale des Nations-Unies, à savoir réduire de moitié le nombre de décès et de blessures dus aux accidents de la route dans le monde d’ici à 2030, l’OMS préconise des efforts concertés pour mettre en œuvre une série d’interventions visant à renforcer les stratégies nationales de sécurité routière en Afrique». Ces interventions incluent, selon Dr Matshidiso Moeti, la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, «l’adoption de politiques favorisant des systèmes de transport durables, le renforcement des cadres législatifs en matière de sécurité routière, l’investissement accru dans les systèmes de gestion des données, l’amélioration du système de soins après l’accident et le lancement de projets de recherche adaptés aux défis uniques du continent».

L’OMS, selon elle, «œuvre aux côtés des pays pour renforcer les principaux fondements de la sécurité routière, à travers le plaidoyer, l’appui technique, la sensibilisation et la formation. Ces efforts ont permis de renforcer la capacité de certains pays, comme la Zambie, à collecter et à transmettre les données sur les décès dus aux accidents de la route».

Source Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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