Sen élections syndicales générales 2023, les syndicats déçoivent ils les travailleurs ? Par Diagne Fodé Roland

Les résultats provisoires du scrutin des élections départageant les centrales syndicales ne bougent en rien par rapport aux élections passées. La participation est en baisse, ce qui indique un désintérêt croissants des travailleurs qui doit interpeller les directions vieillissantes des centrales syndicales en compétition.

Plusieurs syndicalistes signalent des irrégularités comme le fait que deux syndicats y ont participé avec le même récépissé, situation sur laquelle l’actuel ministre du travail issu de l’ex-parti communiste PIT aurait dit « ne pouvoir rien faire ». « L’inorganisation générale » du scrutin est aussi désapprouvée.

En attendant que la commission nationale publie les résultats définitifs de l’élection de représentativité, les résultats provisoires indiquent aussi la poursuite de la division et de l’inaction des centrales syndicales face à la cherté de la vie contre laquelle les ouvriers du secteur de l’automobile aux USA se sont dressés victorieusement sous le slogan « tout augmente sauf nos salaires » en gagnant 25 % d’augmentation de leur paye.

Le système néocolonial sous l’égide de la seconde alternance libérale tout comme la première alternance libérale semble avoir dompté pour le moment les directions syndicales plus préoccupées par les sinécures du Conseil Économique Sociale et Environnemental (CESE), de l’IPRES, des CA des multiples agences parapubliques mangeoires et les perdiems dans le cadre de leur intégration dans cette succursale syndicale mondiale qu’est la CISL que combat la FSM.

On se souvient que dans les années 70/80, malgré leurs divergences idéologiques d’alors, les différentes obédiences des gauches communistes avaient fait consensus sur la nécessité d’opposer à la soumission syndicale de « la participation responsable » de la CNTS « l’autonomisme syndical » combatif qui était devenu majoritaire dans les secteurs publics de l’école, la santé, les postes et télécoms, l’électricité. Des batailles syndicales épiques avaient fait reculer le pouvoir social libéral PS surtout après sa soumission servile au diktat de la dévaluation prédatrice du franc colonial CFA.

Tout s’est passé ensuite comme si le multipartisme politique diviseur a eu son prolongement dans les divisions d’abord du « syndicalisme autonome » et ensuite de la CNTS elle-même au moment de la première alternance libérale néocoloniale. Depuis, la « participation responsable » est de fait devenue la politique syndicale la mieux partagée des directions syndicales confortée en cela par « les luttes de places » des leaders historiques de l’ex-gauche communiste dans les gouvernements libéraux successifs et même avant la première alternance dans le gouvernement social-libéral PS. Le carriérisme vénal a pris le dessus tant dans les partis de l’ex-gauche devenue libérale de fait que dans les directions syndicales soumises au « dialogue » dit social attrape-nigaud souvent avec des ministres issus de leurs rangs (sic!).

Ce carriérisme sous couvert corporatiste se manifeste par « l’apolitisme » affiché qui fait l’autruche devant le lien évident entre l’aggravation de l’appauvrissement des classes laborieuses et l’arbitraire autocratique de l’État hors la loi.

Tout se passe comme si les directions syndicales « mettent le coude » tout comme le dit le président de l’APR/BBY sur les rapports des corps de contrôle de l’État (IGE, IGF, OFNAC, Cour des comptes, etc) qui épinglent le népotisme, la gabegie de la mal-gouvernance qui prend des dimensions jamais vues auparavant.

Cette faillite du syndicalisme est la principale cause de l’actuelle remise en cause flagrante des conquis sociaux et démocratiques gagnés de haute lutte et de l’actuelle énorme souffrance sans limite de la classe ouvrière et des masses populaires pendant que les milliardaires pavanent après avoir accaparé les deniers publics.

Voilà pourquoi les bases syndicales, les travailleurs révoltés abandonnés par les directions syndicales se tournent vers des associations combatives de la société civile et certains députés pour médiatiser leurs mobilisations, obtenir leur appui en vue de la satisfaction de leurs revendications.

Le mouvement ouvrier et les classes laborieuses dans leur ensemble qui subissent la prédation néocoloniale de la bourgeoisie bureaucratique servile au joug spoliateur de l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain ne pourront commencer à faire face efficacement dans leurs luttes multiples qu’en faisant respecter la démocratie de la base dans leurs organisations syndicales dans une perspective d’unification syndicale à l’échelle nationale. La force du nombre est dans l’organisation démocratique et l’orientation politique syndicale combative de lutte des classes. Les bouches doivent s’ouvrir pour dire Non à la collaboration de classe.

Nous aurons l’occasion de donner la parole aux travailleurs combatifs de la base qui animent les nombreuses luttes économiques pour de meilleurs salaires, de conditions de travail et contre les contrats précaires de journaliers, d’intérim ou de CDD.

 

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