Agence Ecofin – L’incident, survenu malgré l’accréditation de l’équipe de journalistes concernés, soulève des inquiétudes sur la liberté de la presse dans un pays perçu comme très accueillant pour les correspondants étrangers.
Au Sénégal, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la brève arrestation de journalistes d’Al Jazeera. Le dimanche 13 avril 2025, une équipe de la chaîne, dûment accréditée, a été interpellée à son arrivée à l’aéroport de Cap Skirring, dans la région de la Casamance, au sud du pays. Selon un communiqué publié par l’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES), les journalistes étaient en mission pour documenter le retour chez eux des déplacés de guerre dans cette zone historiquement marquée par une volonté sécessionniste dans la décennie 1990.
L’équipe, composée de Nicolas Haque, chef du bureau d’Al Jazeera au Sénégal, et de sa camérawoman Magali Rochat, a d’abord été retenue brièvement par la police à l’aéroport. Plus tard, à leur hôtel, ils ont été de nouveau interpellés, cette fois par la gendarmerie, avant d’être conduits à Ziguinchor pour des interrogatoires d’une heure chacun. À l’issue de ces auditions, leur matériel de reportage et leurs passeports ont été saisis, et les deux journalistes notifiés d’un retour forcé à Dakar par le premier vol du lundi 14 avril.
L’APES a dénoncé dans un communiqué une « entrave sans précédent à l’exercice du journalisme », précisant qu’en plus de soixante ans d’existence, aucun de ses membres n’avait subi de traitement similaire. L’association exige la restitution immédiate et inconditionnelle du matériel confisqué, et appelle les autorités à respecter la tradition sénégalaise d’ouverture qui a fait du pays un point d’ancrage pour de nombreuses rédactions internationales en Afrique de l’Ouest.
Cette affaire intervient dans un contexte où la Casamance tente de tourner la page de son passé sécessionniste, mais également dans une période où la presse et les autorités ajustent encore leurs relations un peu tumultueuses au début du mandat du nouveau gouvernement.
Les autorités sénégalaises ne se sont pas encore exprimées publiquement sur le sujet.