«Nous croyons sincèrement que la liberté de la presse est en danger au Sénégal. On voit toujours comment ça vient. Ce sont des personnes proches du pouvoir qui occupent les plateaux télés, qui font des articles, malheureusement, dans d’autres sites internet et qui appellent à l’arrestation d’une personne. J’en n’ai vu, hier, contre Walfadrji, des personnes proches du pouvoir taxer ce média, de média contre l’Etat du Sénégal, parce qu’il aurait publié une vidéo qui serait fake», a déclaré Seydi Gassama, a déclaré le directeur exécutif de Amnesty International Sénégal.
Il trouve «honteux que des hommes politiques qui étaient dans l’opposition» s’en prennent aujourd’hui aux journalistes. «Sans le soutien des médias… si les médias n’avaient pas donné une place à ces hommes politiques, ils ne seraient jamais devenus ce qu’ils sont. Nous tous y compris de la société civile, sans les médias, et les combats que nous menons, n’aurons aucun écho au niveau national aussi bien qu’au niveau international. Donc, nous avons besoin, dans ce pays, d’une presse libre, d’une presse forte, d’une presse soutenue à la fois par l’Etat, mais par tous les segments de la société».
«Je l’ai dit dans un de mes articles, le journaliste, il est dans l’action. Il cherche l’information auprès des personnes. Et dans sa quête de l’information, évidemment, il peut se tromper. Il peut même parfois être manipulé à son corps défendant, mais, cela ne constitue pas une raison pour qu’on attrape un journaliste et qu’on le mette en prison comme c’est le cas pour Pape Alé Niang. C’est inacceptable. Nous devons être mobilisés. Nous devons le dénoncer au niveau national et au niveau international. La situation de Pape Alé est très critique», s’indigne-t-il.
Gassama n’a pas manqué de fustiger le comportement de certains ministres qui minimisent la situation. «Je voudrais dénoncer ce narratif qui est tenu parfois par des ministres qui disent que Pape Alé se porte très bien, que rien ne lui arrive, il est à l’hôpital dans une cabine payé je ne sais pas 140 milles par jour par l’Etat. C’est honteux ce langage-là. Quelqu’un qui est resté presque un mois sans manger ne peut pas bien se porter», peste le responsable local d’Amnesty qui dénonce la stratégie de pourrissement adoptée par l’Etat dans cette affaire.
«Notre crainte, c’est qu’on va laisser Pape Alé Niang languir à l’hôpital de sorte que le jour où il va quitter, il va passer le restant de sa vie à soigner les séquelles de cette grève de faim. Ils ne le laisseront pas mourir. Ils savent ce que cela leur coûtera, sur le plan international, de laisser Pape Alé Niang mourir en prison. Mais, ils vont le laisser languir en prison aussi longtemps que possible de sorte que lorsqu’il sera libéré, il va passer le reste de sa vie à se soigner. Et ça, nous ne devons pas l’accepter», tonne M. Gassama.
Celui-ci appelle à la mobilisation pour faire face à cette situation. «Nous devons rester mobilisés, déterminés. Autant, ils sont déterminés, autant nous devons rester déterminés jusqu’à ce que Pape Alé soit libre. Et le combat, il faut le mener au niveau national et au niveau international», a-t-il indiqué.
«Je suis très content que vous ayez pris à témoin le Khalife Thierno Madany Tall. Je vous exhorte de la même manière à vous approcher du Khalife général des Mourides qui est un homme ouvert, compréhensible, un intellectuel, de vous rapprocher également de Tivaouane, du Cardinal de Dakar… de prendre tous ces chefs religieux, à témoin, de l’entreprise de destruction de la vie de Pape Alé Niang que ce gouvernement est en train de mettre en oeuvre. Et que personne ne dise demain, si l’irréparable se produit, que je n’ai pas été informé, je ne suis pas au courant», prévient-il.
Vox populi