Depuis quelque temps, des résultats partiels d’audits menés par les nouvelles autorités sur la gestion de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) ont commencé à révéler des pratiques de malversations financières d’une gravité inouïe. Le Syndicat Unitaire et Démocratique des Travailleurs des Aéroports du Sénégal (SUDTRAS) exprime son indignation face à ces révélations, qualifiées par certains d’« acte de carnage financier ». Selon les autorités syndicales, ces audits confirment des années de mauvaise gestion, de népotisme et de dilapidation des ressources de l’entreprise.
Dans une déclaration ferme, SUDTRAS se dit à la fois stupéfait et indigné par l’ampleur des détournements qui se profilent. Selon Ass Malick Ndoye, Secrétaire Général du syndicat, « l’éléphant dans la pièce », à savoir les abus de recrutement et de nominations arbitraires, était bien connu de tous, et pourtant, les pratiques illicites ont perduré.
Le syndicat appelle à une rupture franche avec les pratiques passées. S’il reconnaît que certains hauts cadres de l’AIBD ont su préserver leur intégrité, SUDTRAS pointe du doigt les liens entre des membres de la direction et ceux qui ont activement participé à la gestion défaillante de l’aéroport. Ces derniers, souvent promus ou protégés, continuent à peser dans l’administration actuelle, nourrissant les craintes de voir les mêmes dysfonctionnements se reproduire.
Le syndicat fustige également l’inertie des autorités face à la disparition de matériels et aux pillages fonciers qui ont affecté l’aéroport et ses environs. Les pertes en matériel, qui auraient pu être redéployés vers les aéroports secondaires en réhabilitation, soulèvent des questions inquiétantes sur la gestion des biens publics. SUDTRAS dénonce ce qu’il qualifie de « curée foncière » ayant bénéficié à une oligarchie proche de l’ancien régime.
Le syndicat s’insurge par ailleurs contre l’élitisme et le favoritisme flagrant au sein de l’AIBD. Les cadres supérieurs continuent de bénéficier d’avantages indus, tandis que les employés de base, en particulier ceux des régions, voient leurs carrières bloquées depuis des années. Ce traitement inégalitaire, aggravé par des conditions de travail précaires, est la source de vives tensions entre le top management et les agents d’exécution.
SUDTRAS appelle les nouvelles autorités à faire preuve de fermeté et à neutraliser les individus responsables de ces dérives. Le syndicat affirme qu’il se tiendra aux côtés des autorités, à condition que celles-ci s’engagent véritablement à restaurer la justice et à rétablir la confiance des travailleurs. « Nous ne pouvons tolérer la présence de prédateurs dans les hautes sphères de notre entreprise », a martelé Ass Malick Ndoye.
L’organisation syndicale exhorte également l’administration à réformer en profondeur l’AIBD et à éliminer les disparités entre les différents corps de métier. Pour SUDTRAS, l’avenir de l’aéroport passe par un renouvellement des pratiques et des hommes, afin que l’AIBD puisse enfin tourner la page d’une gestion chaotique et se projeter vers de nouveaux horizons.