Source Vox Populi-Nouvel épisode dans le bras de fer qui oppose Senelec à Akilee. Quelques jours avant la sortie, avant-hier, du ministre de l’Énergie sur la baisse du prix du kWh, nos sources nous informent d’une dénonciation faite à l’OFNAC par Akilee SA portant sur le projet de déploiement d’un système de comptage intelligent qu’elle devait déployer entre 2019 et 2028 pour lutter contre les pertes dans le système électrique.
La start-up Sénégalaise dirigée par Amadou Ly dénonce des «subterfuge» et des manœuvres utilisés par Senelec pour tromper les non-initiés, en relançant, sans le nommer, le projet objet du contrat qu’elle avait signé le 11 février 2019. Akilee déclare avoir noté dans le plan de passation des marchés publics de l’année 2025 que «Senelec a prévu de lancer deux appels d’offres dont la combinaison revient à faire exactement le projet qu’elle devait réaliser : Accord cadre fermé pour l’acquisition de compteurs, lancement prévu le 15 avril 2025 ; Mise en place d’un système Standard de gestion des compteurs intelligents, lancement prévu le 5 mai 2025».
Toujours dans sa lettre de dénonciation adressée au Président de l’OFNAC, Amadou Ly déclare qu’«il apparait clairement à travers ces deux libellés que Senelec a scindé le contrat AMI en ses deux principales composantes pour tromper la vigilance de ceux qui sont au fait du contentieux en cours depuis 2020». Il rappelle que le contrat AMI visait principalement à fournir «un Système d’Information Analytique, central, pour la gestion de l’ensemble des compteurs intelligents ; et un parc de 2.742.800 compteurs intelligents sur une période de 10 ans, accompagnés de leurs accessoires et coffrets».
Amadou Ly accuse que 6 ans après le refus de poursuivre le contrat D’akilee, Senelec veut relancer le projet en usant de subterfuges
La start-up Sénégalaise poursuit en dénonçant un contournement de la qualification de son contrat AMI qui a été sciemment violé par Senelec, témoignant, selon elle, d’«une mauvaise foi quant aux motifs qui ont été avancés pour rompre fautivement ledit contrat». Akilee souligne que dans un contexte de contraintes sur les ressources publiques, Senelec ne peut se permettre de dilapider les deniers publics puisque le DG sortant avait déclaré ne pas avoir besoin d’acheter un Système central de gestion des compteurs intelligents chez Akilee parce que Senelec avait déjà un système d’un fabricant chinois (cf. audition DG Senelec, page 5, Rapport CRD/ARMP Juillet 2020).
Akilee ajoute, dans sa dénonciation, qu’«en voulant mettre en place un accord-cadre fermé, Senelec use une nouvelle fois d’un contournement pour accorder une exclusivité à un fournisseur donné, alors même qu’elle reprochait au contrat AMI d’accorder une exclusivité à Akilee».
Elle a, par ailleurs, rappelé avoir dénoncé depuis le 14 février 2022 ce qu’elle qualifie d’abus de la direction générale de Senelec qui a acheté pour 250.000 unités «des compteurs chez la société israélienne Powercom avec des surcoûts injustifiables de 6 à 9 milliards» comparés à ceux qu’elle proposés. Le pire selon Akilee est que cette transaction a été faite en contournant les règles de passations des marchés avec une injonction de la Présidence de la République à l’époque qui par lettre n°00653/PR/MSG/CS-MD du 14 décembre 2021 a instruit l’ARMP à « immédiatement autoriser » l’entente directe, malgré les surcoûts, et à la « classer au registre du secret ».
700 milliards seraient déjà perdus par Senelec entre 2019 et 2024 ; pire 2150 milliards de pertes projetées entre 2024 et 2034 si rien n’est fait
A noter que le hasard fait que c’est au moment où Akilee a lancé un nouveau film institutionnel montrant ses réalisations, que le ministre de l’Energie parle de la baisse des prix de l’électricité. Un sujet sur lequel, le DG d’ Akilee a toujours affirmé que le Sénégal devait travailler à lutter contre les centaines de milliards de pertes qui pèsent aussi sur la facture des populations. 545 milliards précisément selon lui entre 2019 et 2023, 700 milliards si on intègre 2024 et pire 2150 milliards seront perdus entre 2024 et 2034 si rien n’est fait.
Tout laisse à croire qu’une nouvelle bataille va s’ouvrir entre deux sociétés sénégalaises, au grand intérêt des étrangers, après qu’elles ont défrayé la chronique pendant des mois en 2020, trustant la crête de l’information qu’elles disputaient même avec l’hyper actualité de la COVID-19.
Après cette guerre larvée entre deux sociétés partenaires, et capitalistique ment liées puisque Senelec détient encore aujourd’hui 34% des parts d’ Akilee, ceux qui pensaient que la poussière était retombée et que la paix des braves était de rigueur peuvent déchanter. Si l’on en croit nos sources et la dénonciation faite par Akilee, il n’en est rien.
Vox Populi