Alors que le pape François est décédé le 21 avril, les catholiques du monde entier s’interrogent sur celui qui pourrait lui succéder à la tête du Vatican. Si les Africains ne sont pas favoris, trois noms figurent toutefois parmi les outsiders.
Comme avant chaque désignation d’un nouveau pape par les cardinaux électeurs au Vatican, les pronostics vont bon train depuis l’annonce du décès du pape François, le 21 avril dans la matinée. S’il est difficile de prédire les résultats du futur conclave, qui devrait débuter mi-mai, celui-ci devrait être une nouvelle fois divisé entre les grands courants de l’Église catholique, progressistes ou conservateurs, représentants des « périphéries » ou du « centre». Le pape François, Argentin et attaché à l’influence du Vatican en Amérique du Sud, en Asie ou en Afrique, a porté sur plusieurs sujets une image de moderniste, certes à relativiser, notamment sur la bénédiction aux couples homosexuels, sur la place des femmes dans l’Église, ou sur l’usage du latin dans les cérémonies. Dès lors, un effet de balancier viendra-t-il placer un conservateur à la tête des catholiques ?
Deux favoris se dégagent
Pour le moment, deux favoris semblent surtout se détacher. Il s’agit du cardinal philippin Luis Antonio Tagle et du secrétaire d’État du Vatican, l’Italien Pietro Parolin. Le cardinal Tagle est souvent décrit comme le « François asiatique » en raison de son engagement en faveur de la justice sociale. S’il était élu, il serait le premier souverain pontife originaire d’Asie. Néanmoins, de nombreuses voix réclament un retour de la papauté à un Européen.
Autre grand favori selon les observateurs du Vatican, le cardinal Pietro Parolin rendrait le trône de Saint-Pierre aux Italiens, après trois papes successifs originaires d’autres pays : Jean-Paul II (Pologne), Benoît XVI (Allemagne) et François (Argentine). Artisan reconnu de la diplomatie vaticane, l’Italien a été le principal promoteur du rapprochement du Vatican avec la Chine et le Vietnam. Un autre cardinal d’Italie, Matteo Maria Zuppi, est aussi cité parmi les prétendants.
Trois Africains outsiders : Sarah, Ambongo et Turkson
Si une surprise devait venir du Vatican, chose fréquente à l’issue d’un conclave, les outsiders les plus fréquemment évoqués sont le Hongrois Peter Erdo, le Français Jean-Marc Aveline, le Maltais Mario Grech, l’Espagnol Juan José Omella, l’Américain Joseph Tobin, mais aussi trois Africains : le Guinéen Robert Sarah, archevêque de Conakry, le Congolais Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, et le Ghanéen Peter Turkson, archevêque de Cape Coast.
Robert Sarah, né en 1945 à Ourous, est nommé archevêque de Conakry en 1979 par Jean-Paul II. Ferme face au régime de Sékou Touré, comme il l’a été récemment au sujet de la transition de Mamadi Doumbouya, il est cardinal depuis 2001. Il s’est imposé comme l’un des défenseurs d’une Église traditionaliste, favorable à la liturgie en latin, opposé à l’ordination des femmes ou à toute évolution sur l’homosexualité. À presque 80 ans, il est soutenu par une frange ultraconservatrice.
Moins doctrinaire, le Congolais Fridolin Ambongo s’est surtout fait un nom en raison de son engagement citoyen. Né en 1960 en RDC, il s’est rapidement fait le porte-parole d’une Église engagée contre la corruption, la pauvreté et l’instabilité politique. Archevêque de Kinshasa depuis 2018, successeur de Laurent Monsengwo, il a été nommé cardinal par le pape François en 2019 et incarne une génération de prélats africains pleinement insérés dans le combat démocratique.
Enfin, le cardinal Peter Tuckson apparaît comme plus mesuré. Né en 1948 au Ghana, il devient archevêque de Cape Coast à 44 ans. Habile négociateur, il est l’un des piliers de l’agenda social du pape François, notamment sur les questions de justice climatique, de migration ou de finance éthique. Ni doctrinaire ni révolutionnaire, certains le voient comme une troisième voie pouvant réconcilier les clans du Vatican
Source Vox populi